L'assassinat du policier à Alger, en plein jour, prélude-t-il de ce retour inquiétant ? La direction de l'organisation armée Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) a tenté de «prendre contact avec les repentis du GIA de la région du Centre», ainsi qu'avec des prisonniers islamistes récemment libérés, «afin d'essayer de reconstruire les cellules armées actives dans et autour de l'Algérois», a-t-on appris de source sécuritaire sûre. Ce souhait de la part du GIA ne date, certes, pas d'aujourd'hui, car on le sait, depuis la neutralisation, au début de l'été 2002, de la cellule algéroise, composée d'au moins trois hommes, et qui activait en plein centre d'Alger, le Gspc est resté amoindri et diminué par l'absence d'une menace au coeur de la capitale, malgré ses attentats spectaculaires dans la région kabyle et à l'Est. Déjà, lors de la neutralisation du «groupe de Meftah», mené par Lazaref Rabah, des sources avaient avancé la thèse que ce groupe, anéanti dans sa majorité, prévoyait de (re)constituer une cellule dans le style Fida, et qui serait spécialisée dans les attentats ciblés. Evidemment, la prétention avait été poussée à l'extrême, mais il reste toujours que du groupe Lazaref, le noyau dur avait été neutralisé sans que le groupe entier soit totalement anéanti. On avait parlé de deux ou trois hommes qui seraient encore actifs et non identifiés. Dans le proche entourage de «Kh.», un repenti du Gspc et qui avait été longtemps dans la périphérie de Hassen Hattab, on affirme qu'aucun message n'a été transmis, aucune personne n'a approché celui-ci pour lui faire une quelconque «offre» de retour aux maquis kabyles. Si celui-ci n'a pas été contacté, c'est que personne d'autre dans la périphérie Est d'Alger (bastion sympathisant avec Hattab) ne l'a été. L'importance de «Kh.» et la manière dont il s'est séparé de la direction du Gspc ne doivent laisser aucun doute sur les affirmations de ses proches. Tout cela n'éclaire pas l'esprit, car, on le sait, le Gspc a besoin d'une cellule algéroise importante et performante. Ses coups d'éclat sporadiques et ses attentats ciblés épisodiques dans la Kabylie et à l'Est restent sans grands effets loin de la capitale qui demeure une caisse de résonance de premier ordre et un support médiatique qui ferait une publicité inespérée au moindre petit attentat que le groupe perpétrerait. Une autre source affirme que Lounis Mohamed, dit Youcef Abou Bacir avait été chargé de revoir et de reconstituer la stratégie urbaine du Gspc à l'est d'Alger. Les attentats qui ont ciblé les forces de sécurité à Boumerdès, Sidi Daoud, Sahel Boubrak, Dellys, etc. lui sont attribués. Cependant, celui-ci est tué par les forces de sécurité le 25 janvier 2003 dans la forêt de Sidi Daoud, à l'est de la région de Boumerdès. Youcef Abou Bacir était en même temps un des plus proches lieutenants de Hassen Hattab, un des plus anciens responsables des groupes armés locaux (il rejoint le GIA à 22 ans, en 1993, puis le Gspc dès sa création, fin 1998) et le chargé des relations extérieures de l'organisation avait, dit-on, la charge de reconstituer des cellules urbaines dans la périphérie de la capitale. Nous voilà devant trois échecs successifs de reconstituer des réseaux affiliés au Gspc et qui frappaient au coeur des villes. Le groupe mené par Rabah Lazaref a été neutralisé à Meftah, celui d'Alger a été anéanti de manière fort spectaculaire en plein centre de la capitale, au début de l'été 2002, et, enfin, l'entreprise dont avait été chargé Youcef Abou Bacir est mise en faillite par la mort de ce dernier. Superquadrillée, Alger ne sera pas facile à pénétrer. C'est le défi lancé aux services de sécurité et au Gspc à la fois. Car celui-ci a le temps pour lui. Il peut attendre un mois, six mois, un an pour frapper de nouveau. Le policier tué il y a deux semaines à El-Harrach a-t-il fait les frais d'une pénétration du Gspc? L'autre policier, tué jeudi dernier, en plein centre d'Alger, a-t-il été la cible des hommes de Hattab? Autant de questions qui se posent à longueur de lignes et dont les réponses, ou du moins, des esquisses de réponses, seront apportées par le déroulement des événements que connaîtront les prochains jours.