La complémentarité des actions diplomatiques égypto-algériennes, socle de la paix et de la sécurité de la région arabe. «Notre force réside dans l'unité.» Non, cette formule n'a pas été dite par un ou des dirigeants arabes, mais par les signataires de la déclaration des 9 pays européens qui viennent d'apporter leur soutien sans équivoque aux velléités d'attaque militaire américaine contre l'Irak. Pour contrer cette union sacrée pour la guerre, les dirigeants arabes ne cessent de se rencontrer et de se consulter, les périls qui pointent à l'horizon ne concernant pas seulement le seul régime irakien, mais bien tous ceux qui ne se plient pas à la nouvelle conception occidentale des relations internationales. C'est dans ce cadre que s'inscrit la visite qu'a entamée, hier, en Egypte, le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, qui a, dans son agenda, plusieurs entretiens avec son homologue égyptien, Hosni Moubarak. Ce dernier, faut-il le rappeler, a déployé tout au long des derniers mois d'incommensurables efforts pour trouver une solution pacifique et diplomatique à la crise irako-américaine, alors que son vis-à-vis algérien, le Président Bouteflika, de par son action et son expérience dans la diplomatie internationale, commence à être vu par certains analystes comme un possible «joker» de dernière minute ou de dernière chance pour contenir les grondements de la guerre dont le compte à rebours aurait déjà commencé selon nombre d'observateurs. A la veille de l'arrivée au Caire du chef de l'Etat algérien, notre ambassadeur, en Egypte, M.Slimane Cheikh, a indiqué au quotidien Al Ahram que «les deux chefs d'Etat se rencontrent dans le cadre de leurs consultations sur des questions de l'actualité régionale et internationale». Dans un climat d'incertitude grandissant quant aux conséquences de cette obsession américaine à faire la guerre afin de démontrer au monde que la nouvelle doctrine «préventive» de Washington est non seulement la règle de gestion des affaires mondiales, tout en servant les intérêts strictement US, mais aussi d'exemple pour ceux qui seront tentés de défier les Etats-Unis. Les pays arabes sont donc devant un dilemme au moins devant leur peuple: se laisser faire et perdre toute marge de manoeuvre dans la conduite des affaires de la maison arabe ou réagir et se retrouver comme cible potentielle, car devenant de la sorte, adversaire de ceux qui veulent régenter même les affaires intérieures arabes. L'accélération des événements et la multiplication presque instantanée des alliances et des désalliances poussent les dirigeants arabes à se positionner, à prendre des initiatives ou tout simplement à voir venir l'évolution de la situation. Moubarak et Bouteflika sont de ceux qui s'activent le plus actuellement pour tenter de conjurer les dangers. Le raïs égyptien vient, dans ce cadre, d'inviter le Premier ministre israélien Ariel Sharon, fraîchement réélu, au Caire pour discuter de tout et notamment de «se consulter sur (les moyens) d'arrêter la violence et relancer le processus de paix», selon le rédacteur en chef de l'hebdomadaire égyptien Akhbar Al-Youm. De son côté, le Président algérien sera, dès ce mercredi, dans la capitale française où il s'entretiendra avec le président français Jacques Chirac du dossier irakien. Entre-temps, 12 bâtiments de guerre britanniques et un sous-marin américain ont traversé hier le canal de Suez, en route pour le Golfe en renfort à l'armada qui est déjà en place et qui n'attend que le feu vert pour entrer en action.