Les dirigeants arabes seront de nouveau réunis aujourd'hui pour un sommet qui réexaminera l'offre de paix arabe. Le 19e Sommet ordinaire de la Ligue des Etats arabes s'ouvre aujourd'hui en Arabie Saoudite, à Riyadh, où le roi Abdallah Ben Abdelaziz y accueillera ses hôtes venus du Machreq et du Maghreb. Ce sommet arabe intervient à un moment où les situations dans les pays arabes ne sont guère réjouissantes, bien au contraire, comme c'est le cas au Liban, en Irak ou dans les territoires palestiniens. Cela a contraint les dirigeants saoudiens à faire une tournée dans certains pays pour inciter leurs dirigeants à faire acte de présence dans une réunion arabe qui, tout compte fait, ne déroge guère à l'habitude de responsables arabes peu soucieux de sérieux et d'exactitude. D'ailleurs, selon certaines sources, le Liban serait représenté par deux délégations, ce qui illustre le fait que la sagesse ou la raison n'est pas toujours là où on pouvait l'attendre Ce que confirme, encore une fois, l'absence ‘'tonitruante'' du guide libyen, Maâmar El Gueddafi, au sommet de Riyadh, le dirigeant libyen faisant passer sa petite «guéguerre» avec le souverain saoudien, Abdallah Ben Abdelaziz, avant l'intérêt général des Arabes. L'autre curiosité de ce sommet est le fait que son thème central a été en quelque sorte imposé par les circonstances et de l'extérieur, n'ayant pas fait, au départ, l'objet d'une consultation interarabe, ni évoqué comme éventuel sujet de débat du sommet de Riyadh. Il s'agit, certes, du retour au-devant de la scène politique moyen-orientale et internationale du plan de paix arabe -dû à une initiative de l'Arabie Saoudite- adopté par le Sommet de Beyrouth en 2002 et rejeté «globalement et dans le détail», à l'époque, par Israël. Mais voici qu'Israël, et parallèlement, les Etats-Unis, lui trouvent aujourd'hui quelques mérites jusqu'à le considérer comme «une base raisonnable de négociations», selon les propres termes d'une déclaration du Premier ministre israélien Ehud Olmert. Certes, il n'est jamais trop tard de reconnaître ses torts et de revenir à la réalité des faits, mais est-ce aussi simple que semblent le penser Israéliens et Américains? Ainsi, si Israël trouve aujourd'hui quelques vertus au plan de paix arabe, il n'en réclame pas moins des Arabes quelque chose qui soit à sa mesure, rejetant, par ailleurs, l'article afférant au retour des réfugiés palestiniens, retour qui doit se faire dans le cadre de la résolution 194 du Conseil de sécurité. Lors de la réunion, dimanche et lundi, de la commission préparatoire du sommet de Riyadh, les chefs de la diplomatie arabe ont adopté le plan de paix de 2002 sans lui apporter d'amendements, estimant que le texte se suffit à lui-même et n'a besoin ni de retrait ni d'ajout: «Le plan de paix arabe a été discuté en premier et il a été approuvé par les ministres, dans sa forme initiale et sans amendement», a indiqué un ministre s'exprimant sous couvert de l'anonymat. «Ce plan, ainsi que d'autres résolutions, sera présenté aux chefs d'Etat mercredi (aujourd'hui) pour qu'il soit adopté par le sommet», a-t-il ajouté. Ouvrant la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal, a estimé que «les efforts arabes, et l'accord de La Mecque, augmentent les chances de parvenir à une position arabe solide de soutien à l'initiative arabe de paix». Il semble cependant qu'il y ait confusion sur le sens à donner au terme de «paix». En effet, les Arabes l'entendent comme étant un retrait ‘'total'' d'Israël des territoires arabes occupés en 1967, y compris le Golan syrien et Jérusalem-Est, ce qui doit donner lieu à l'érection de l'Etat palestinien indépendant. Cette lecture de la paix par les Arabes ne semble pas être celle faite par Israël et les Etats-Unis qui privilégient avant toute chose la sécurité de l'Etat hébreu, lorsque Israël conforte, par ailleurs, sa présence en Cisjordanie et accélère la judaïsation de Jérusalem-Est. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui se trouve au Proche-Orient depuis le début de la semaine, a déclaré, à raison, samedi dernier à Assouan, en Egypte, que «le peuple palestinien a attendu assez longtemps pour avoir son propre Etat et le peuple israélien a attendu assez longtemps pour avoir le genre de sécurité qui émergera de l'établissement d'un voisin stable et démocratique auprès duquel il vivra en paix». Mais ces déclarations qui ne s'accompagnent pas de propositions claires et hardies ne sont en bout de compte que du populisme à l'adresse de l'opinion arabe, car il est effectivement possible d'avoir la paix et la sécurité pour les deux communautés, palestinienne et juive, pour peu qu'Israël se conforme aux résolutions pertinentes de l'ONU et accepte l'offre de paix arabe qui se fonde sur le principe de l'échange de la paix contre la terre, principe universel et l'un des socles du droit international. Mais Israël, qui veut avoir la sécurité tout en gardant les terres, a fait -jusqu'à ce jour- obstacle à l'instauration d'une paix véritable dans la région, tant en refusant les offres arabes de paix, que du fait qu'Israël a également refusé, à maintes reprises, l'envoi, appuyé par les Palestiniens, d'une force d'interposition des Casques bleus des Nations unies, entre Israël et les territoires palestiniens, qui est le gage qu'Israël veut effectivement la paix. Mais il n'en est rien, parce que Israël ne veut pas qu'il y ait de frontières officielles entre les deux entités, ce qui lui interdirait de faire ce qu'il veut dans les territoires palestiniens occupés, comme il s'y comporte présentement. Les Arabes ont fait les premiers pas qu'il fallait pour ouvrir les perspectives de paix, il appartient à Israël désormais, de faire la paix suivant, ne serait-ce que dans l'optique de montrer qu'il est prêt à se conformer au droit international pour contribuer à jeter les bases d'une paix véritable entre les deux peuples.