Paris et Alger se consultent. Il est loin le temps de leurs rapports passionnés et tumultueux. Annoncée d'abord comme strictement privée, la visite qu'effectue, à partir d'aujourd'hui, en France, le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, est devenue, par la force du contexte local et international, dans lequel elle aura lieu, presque une visite officielle en dépit de la brièveté de sa durée. Ce qui est sûr en tout cas, c'est que la rencontre d'aujourd'hui entre le président français, Jacques Chirac et le chef de l'Etat algérien, constitue, selon les observateurs des rapports algéro-français, un nouveau signe de l'amélioration du climat politique des deux pays. D'ailleurs, selon ces mêmes analystes, au-delà de l'intensification fort soutenue ces dernières années des relations de coopération économique, des échanges commerciaux et des liens culturels entre les deux parties, les consultations diplomatiques sur les points chauds de l'actualité internationale (Palestine, Irak ou dossier du Sahara occidental) pourraient être abordées dans les discussions des deux chefs d'Etat. Le Président Bouteflika aura, d'après une source officielle algérienne, un entretien au palais de l'Elysée avec M.Chirac, suivi d'un déjeuner au cours desquels tous ces sujets seraient passés en revue. En revanche, des sources françaises informées ont laissé entendre que cette visite éclair à Paris du Président algérien, a été organisée «à la demande de ce dernier», sachant que le chef de l'Etat algérien sera, de nouveau, dans la capitale française le 19 du mois en cours pour participer au troisième sommet franco- africain. Qualifié par ces mêmes sources d'«important et utile», le bref séjour à Paris de Bouteflika est d'autant plus significatif qu'il intervient presque un mois avant la visite d'Etat en Algérie du président Chirac, programmée pour le 2 mars prochain. Il fait suite aussi aux récents voyages à Alger du chef de la diplomatie française, M.Dominique de Villepin à la mi- décembre, et de notre Chef du gouvernement, M.Ali Benflis, dans la capitale française, un mois plus tard, et qui ont été perçus par les observateurs des affaires franco-algériennes comme une traduction dans les faits d'une «nouvelle dynamique», sinon comme une «refondation» des rapports algéro-français souhaitée de part et d'autre de la Méditerranée. On est loin donc de toutes les spéculations journalistiques qui ont très vite assimilé ces derniers temps, la virée du Président algérien à Paris comme étant exclusivement liée à des considérations de politique nationale interne et, plus invraisemblable encore, à un possible exil du président irakien en Algérie. Il est vrai, que lorsqu'on ne possède pas sous la main tous les éléments pour une information crédible, on se laisse aller à des divagations farfelues et complètement saugrenues.