Chirac annoncera la venue prochaine en Algérie du nouveau ministre français de l'Economie, Nicolas Sarkozy. Premier partenaire commercial de l'Algérie avec une part de marché de 24%, la France, qui oeuvre pour un «partenariat d'exception» reste, toutefois, modeste en matière d'investissements. La sempiternelle rengaine d'«élan» dans les relations économiques, qui tarde à se traduire par un véritable saut qualitatif, dénote, si besoin est, la réticence des autorités françaises à s'impliquer pleinement dans la sphère économique. Le président français qui promet de se tenir aux cotés de l'Algérie et de contribuer à sa «pleine intégration» dans l'espace euro-mediterranéen, s'est montré austère en matière de pragmatisme, se contentant d'émettre le voeu de voir la déclaration d'Alger signée en mars 2003, se transformer en un «traité d'amitié» à l'instar du traité d'amitié franco-allemand de janvier 1963. Prônant une relation économique «privilégiée, féconde et mutuellement avantageuse», notamment par l'entremise d'un transfert de technologies et de savoir-faire français dans les secteurs de l'eau, de l'énergie, des transports, de l'habitat et de l'urbanisme, Jacques Chirac n'a pas annoncé, jeudi, d'initiatives concrètes. Cependant, il a tenu à assurer que les deux capitales adopteraient une «démarche volontariste en ce sens». Chirac, évoquant la «pause» électorale algérienne, annoncera la venue prochaine en Algérie du nouveau ministre français de l'Economie, Nicolas Sarkozy. Ce dernier examinera avec son homologue algérien, la question de la reconversion de la dette. Pour rappel, un accord de conversion de la dette en investissement privé a été signé le 17 décembre 2002 à Alger. Les relations commerciales entre Alger et Paris qui ont connu une nette progression sous le premier mandat de M.Abdelaziz Bouteflika, avec un flux croisé d'échanges qui a atteint 6,7 milliards d'euros en 2003, ne sont pas au niveau escompté par les deux pays. Voulant dépasser les tensions d'un passé tumultueux, la France, qui aujourd'hui, aspire à une relation «ambitieuse et apaisée», compte mettre à profit la froideur des relations entre Alger et Londres, suite à la fermeture des services consulaires de Sa Majesté à Alger, et le rapprochement de ses analyses avec Alger, par rapport aux dossiers du Sahara occidental et du conflit au Moyen-Orient et dans le Golfe persique, pour rebondir sur le terrain économique. D'autant plus que la France qui est confrontée, ces derniers temps à un malaise au niveau de son tissu industriel, à cause de la concurrence des produits américains et du Sud-Est asiatique, mettra désormais, les bouchées doubles pour desserrer l'étau autour de son appareil économique. Dans ce cadre, les délocalisations des industries polluantes ainsi que celles en difficulté et leur inscription dans la perspective de la création des zones franches en Algérie, constituent, pour le patronat français, la formule idoine pour sortir de l'asphyxie. D'ailleurs, les visites successives de délégations d'hommes d'affaires français sous la direction du Medef, ne visent en réalité qu'a explorer les opportunités d'investissements en fonction des besoins du tissu industriel français. Il est donc clair que même si le président Jacques Chirac qualifie d'«exemplaires» les relations bilatérales entre les deux pays, il reste que les intentions ne signifient pas toujours le pragmatisme, au moment où le principe même de libre circulation des personnes entre les rives nord et sud de la Méditerranée n'est pas consacré.