Il serait partant pour endosser le rôle d'arbitre au même titre que le monarque saoudien. Le voyage du ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, au Maroc, a été sanctionné par le principe de la tenue d'un sommet algéro-marocain. Cependant, l'on ne sait ni où ni quand cette importante rencontre, dont il est régulièrement question, se tiendra. A ce propos, des sources généralement bien informées avancent une médiation française entre Alger et Rabat. Laquelle médiation pourrait aboutir, affirme-t-on de mêmes sources, lors de la visite qu'effectuera le chef de l'Etat français à Oran au début du mois de mars prochain, si la guerre annoncée en Irak ne vient pas chambouler le calendrier. Jacques Chirac serait partant pour endosser le rôle d'arbitre au même titre que le monarque saoudien qui, en 1986, avait organisé le premier tête-à-tête entre le Président Chadli et le roi Hassen II, à la frontière entre les deux pays et qui a abouti, une année plus tard, au sommet historique de l'UMA qui s'est tenu à Zéralda. L'initiative française, qui poursuit un objectif stratégique, a toutes les chances de déboucher sur quelque chose de concret d'autant que d'autres grandes puissances ont officiellement émis le souhait de voir les institutions de l'UMA redynamisées. Le gel de ces dernières est, rappelons-le, le fait du Maroc qui a imposé le visa d'entrée à son territoire aux Algériens à la suite du fameux attentat contre un hôtel à Marrakech. Cet épisode malheureux, intervenu en 1994, a été un coup fatal à la construction de l'Union, au sens que les relations entre les deux pays ont été réduites à leur plus simple expression. Les différentes tentatives de réunir un sommet des cinq pays qui composent l'UMA ont essuyé un échec cuisant par la faute du Maroc qui n'a eu de cesse de réclamer un règlement, à son propre bénéfice, de la question du Sahara occidental. Le réchauffement entrevu entre Alger et Rabat, à l'occasion des funérailles de Hassan II, a volé en éclats après l'attentat terroriste meurtrier à Béchar. Le Président Bouteflika avait, rappelons-le, critiqué le laxisme du Maroc vis-à-vis des terroristes du GIA, qui utilisaient les zones frontalières comme territoires de repli. Cela étant, les efforts de l'Algérie pour redonner son souffle à l'Union du Maghreb arabe n'ont pas cessé, mais ont toujours buté sur l'intransigeance du palais royal, précisément sur la question du Sahara occidental, alors que l'Algérie s'en tient à la légalité internationale. Plus encore, les Marocains ressortent le dossier de leurs prisonniers et les tracés des frontières, et n'hésitent pas à impliquer une soi-disant responsabilité de l'Algérie sur ces deux aspects qui lui échappent pourtant totalement. La visite de Belkhadem intervient donc à un moment où l'essentiel des problèmes posés par le royaume chérifien demeure pendant. Aussi, est-il besoin de préciser que le tête-à-tête Bouteflika-Mohammed VI sera historique à plus d'un titre, puisque les deux chefs d'Etat se devront de trouver une voie médiane dans un champ miné par les susceptibilités du Maroc, mais où l'exigence de tomber d'accord sur la redynamisation de l'UMA est une obligation majeure. En fait, le ton semble être à la sérénité entre les deux pays, après des années de mésentente. Le Maroc pourrait, sous la pression d'alliés importants à l'image de la France, mettre entre parenthèses ses ambitions sur le Sahara occidental. Le président Chirac réussira-t-il là où beaucoup ont échoué? L'avenir nous le dira.