L'enfant de la Casbah, Blidéen d'adoption, a été le chantre de la chanson «asri» algérienne. De son vrai nom Abderrahmane Aït Mira, le grand maître du «asri» est né le 5 juillet 1920 à Alger et plus exactement à la Casbah. Enfant, il est inscrit en 1927 dans une école coranique à Djemaa Sidi Ali à Bab Djedid, il recevra un enseignement religieux qui lui permettra par la suite d'être parmi les étudiants de la medersa Echabiba, et devint par la suite leur psalmodieur du Coran. Sous la houlette de cheikh Mohamed Laïd Khalifa, le jeune Abderrahmane Aziz apprendra le chant patriotique. En 1937, Abderrahmane Aziz perdit son père. Etant l'aîné de ses neuf frères et soeurs, il se devait de subvenir à leurs besoins. Il se lança dans une carrière artistique au sein de la troupe de Mahieddine Bachtarzi, il va retrouver ses anciens camarades de la medersa Echabiba: Habib Réda et Sissani, il joua dans plusieurs pièces avec Djelloul Bach-Djerrah, Mustapha Badie, Youcef Hattab, Kaltoum, Mustapha Kateb et bien d'autres. En 1947, il fera partie de la troupe nationale de Mohamed Farah dit El-Ghazi qui ira représenter l'Algérie au Maroc. Quelques années plus tard, il va parfaire ses connaissances musicales, en adhérant à la société El-Motribia. Mahieddine Lekhal présidait aux destinées de son orchestre. Aux côtés de ce dernier, il découvrira les secrets de la musique andalouse qu'il va aimer passionnément. Subjugué par la beauté et la magnificence de cette musique, il pleurait à l'écoute de certaines pièces musicales comme Yamen saken sadri et Tab essabah. Cette initiation à la musique andalouse lui permit de travailler avec les maîtres du genre tels Dahmane Benachour et Ahmed Serri. Mais son goût pour le style asri l'emporta sur les autres genres. C'est ainsi qu'il interprétera du compositeur Farid Bey plusieurs chansons. Après la Seconde Guerre mondiale, Abderrahmane Aziz change de registre. C'est la chanson réaliste qui sera son répertoire. En 1953 sera l'année qui le marquera à tout jamais. En effet, Fanon l'appellera pour célébrer une fête à l'hôpital psychiatrique de Blida. Ce dernier sera étonné par la façon avec laquelle Abderrahmane Aziz intéressera les malades jusqu'à les faire participer en choeur à une chanson intitulée Ya kaaba ya bit rabi. Dès lors, il est recruté pour créer un orchestre dans l'hôpital et collaborer à l'insertion des malades. Il y travaillera jusqu'à sa retraite. En parallèle, Abderrahmane Aziz s'attellera à composer de belles musiques sur des paroles de Saïd Hayi. Très électique, formé à la musique classique, il sera celui qui donnera une personnalité à la chanson moderne algérienne, remportant en 1972 au Maroc le Grand prix maghrébin de la chanson moderne dite «asri». Abderrahmane Aziz a consacré sa vie à cette musique moderne. Avec une générosité sans limites, il a su initier cette musique, à tous ceux qui l'ont approché. Abderrahmane Aziz n'est plus de ce monde, mais il est dans le coeur de tous ceux qui l'ont connu.