les médias français ont mis de l'eau dans leur vin dans la couverture des événements dans cette région du pays depuis un certain temps. La décision prise, lors de la dernière réunion de l'interwilayas des ârchs, d'impliquer officiellement la France dans la crise de la Kabylie est considérée comme une dérive dangereuse dans le mouvement citoyen par les observateurs avertis. Plusieurs indices l'attestent et l'avis d'une partie de la classe politique interrogée à cet effet conforte cette crainte à l'égard du devenir de la formidable dynamique citoyenne, née des événements tragiques du printemps noir. La crise en Kabylie, qui est née, rappelons-le, à la suite des dépassements dont se sont rendus coupables des éléments des services de sécurité algériens, faisant de cette affaire une affaire algéro-algérienne, serait-elle amenée à être transposée aux relations de l'Etat algérien avec l'Etat français, ex-puissance colonisatrice, lesquelles relations commencent à se décomplexer? Certains observateurs accréditent cette thèse. Le train de mesures arrêté par l'interwilayas à l'occasion de la visite officielle du président français Jacques Chirac en Algérie du 2 au 4 mars prochain, fait suite également à la mise en quarantaine des eurodéputés décidée au cours de ce conclave. Que reproche-t-on aux eurodéputés, si ce n'est le scrupule de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures d'un Etat souverain? De plus, qui a intérêt à voir la France s'embourber dans la crise en Kabylie? Ce qui est qualifié d'ores et déjà de dérive du mouvement ne va-t-il pas avoir un effet boomerang sur le capital sympathie gagné par le combat citoyen de la Kabylie dans les autres régions du pays. On n'hésite pas à parler de ghettoïsation du mouvement. Si on pousse l'analyse plus loin, n'y a-t-il pas une relation de cause à effet entre cette soudaine et bizarre décision et la multiplication des voix appelant à un dialogue serein autour d'une table pour le règlement de la crise? Ce sont, en effet, autant de questions qui interpellent directement les acteurs du mouvement. Par ailleurs, il y a lieu de relever que les médias français ont mis de l'eau dans leur vin dans la couverture des événements de Kabylie depuis un certain temps. En sus, il est loin le temps où un certain Hubert Védrine, ministre socialiste des Affaires étrangères français suggérait des conseils au sujet du problème en Kabylie. Alors de quoi s'agit-il? Selon les éléments d'information en notre possession, l'interpellation de la France par la saisine par écrit de son ambassade à Alger serait l'oeuvre d'un groupe de délégués de la Cadc de Tizi Ouzou. Lequel groupe serait actionné par un cercle apparenté au pouvoir et qui voudrait remettre en selle la fameuse thèse de la main étrangère. Ce scénario paraît saugrenu si ce n'est le fait que la France non officielle a bel et bien mis la main à la pâte aux moments forts du mouvement. Selon des délégués du mouvement, Bernard Kouchner, ancien ministre socialiste français, aurait séjourné en Kabylie au compte du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) de Ferhat M'henni. Signalons que le MAK n'est pas officiellement représenté dans l'interwilayas. Est-ce à dire alors que les instigateurs de cette démarche, en désespoir de cause, voudraient mettre le mouvement entre les mains de forces étrangères afin d'acculer le pouvoir politique dans ses derniers retranchements. Et, du coup, annihiler les espoirs de sortie de crise suscités par le communiqué de la présidence de la République du 23 septembre 2001. Ces mêmes espoirs seront confirmés par les prises de position récentes en faveur du dialogue de bon nombre de délégués du mouvement approchés par les émissaires. Enfin, la rue kabyle s'interroge sur la représentativité d'un bon nombre de délégués de l'interwilayas pour prendre des décisions aussi graves. Il n'est en tout cas un secret pour personne que le mouvement ait abandonné depuis longtemps le principe des mandats pour la présidence des structures et la participation à des réunions de l' interwilayas.