Le terrorisme en Algérie, qui boucle pratiquement sa dixième année, semble bien inscrit dans la durée. Deux femmes habitant une mansarde, au lieu dit Attatfa, dans la wilaya de Chlef, ont été assassinées, et une troisième a été enlevée, mercredi dernier, par un groupe terroriste, a-t-on appris de source sécuritaire. Le groupe armé, vraisemblablement affilié au GIA, a investi le douar Attatfa vers 23h. Situé au sud-ouest de la commune de Bouzghaïa à une quarantaine de kilomètres de la ville de Chlef, ce douar isolé, peu habité, et dont les gens sont très peu armés (deux ou trois hommes ont bénéficié d'armes, nous dit-on) n'a pas pu repousser l'incursion des assaillants. Le groupe du GIA, composé de quatre où cinq terroristes, s'en est pris, comme à son habitude, à la maison située à la limite du douar: c'était la famille Benkerouche. En deux rafales, le groupe assassine la grand-mère, âgée de 75 ans, puis une jeune femme de 37 ans, avant de se replier en enlevant au passage un troisième membre de cette famille très démunie et indigente, une femme âgée de 36 ans, et de surcroît attardée mentale. Ainsi donc, et en cinq minutes, deux femmes ont été assassinées et une troisième enlevée avant que les voisins n'aient eu le temps de comprendre ce qui s'était passé, et encore moins de riposter. «En ces heures de froides nuits d'hiver, on ferme sa porte à double tour et on se couche tôt, personne n'ose mettre le nez dehors, de surcroît, lorsqu'un danger se présente. C'est un village perdu, oublié, misérable et sans défense», se lamente un habitant du douar. Le lendemain de ce massacre soit le jeudi, très tôt dans la journée, l'armée a déclenché un ratissage dans le but de retrouver les assaillants, aux limites de la wilaya de Chlef, dans une région qui offre plusieurs issues sur le littoral. Cette nouvelle tuerie dans la région de Chlef, renseigne sur la fragilité des périodes d'accalmie. De plus en plus longues dans le temps, celles-ci ont, peu à peu, fait oublier aux gens que le terrorisme des GIA s'est installé dans la durée. La wilaya de Chlef, qui a subi en 2002 la furie des groupes amés de plein fouet, avec près de 215 personnes assassinées entre le 1er janvier et le 31 décembre, semble encore constituer la zone de prédilection de ces mêmes groupes, qui, à partir du pourtour de l'Ouarsenis, se déploient vers plusieurs wilayas, dont principalement Chlef et Tiaret, les plus exposées aux incursions des GIA locaux. Cette zone correspond à l'aire d'activité où les GIA prolifèrent et qui, entre Médéa et Boukadir, arrivent à contrer l'hégémonie du Gspc, hégémonique principalement dans la région kabyle et à l'Est. Au-delà de Boukadir, c'est le Ghds (Houmât eddawa essalafia, ex-Ahwal) qui reste le plus dominant. Depuis le début du mois de février, au moins une vingtaine de personnes a été tuée, et 168 autres, dont 48 islamistes, ont trouvé la mort depuis le 1er janvier 2003.