La réunion sur l'Irak est remise sine die, selon des sources proches de la Ligue Arabe. Peu auparavant, hier, des sources, haut placées, au ministère libanais des Affaires étrangères, le Liban assurant actuellement la présidence tournante de la Ligue des Etats arabes. Selon cette source, «le sommet n'aura pas lieu ce mois-ci (février). Les contacts menés par un comité tripartite, formé du Liban, (président en exercice) de l'Egypte (pays invitant) et du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, chargé de préparer cette réunion extraordinaire, n'ont pas abouti jusqu'à présent». Pour expliquer ce fâcheux contre-temps, la même source indique que «le 22e sommet France-Afrique, auquel participent plusieurs Etats arabes (...) doit se tenir aujourd'hui et demain à Paris. Le sommet des pays Non-alignés, dont de nombreux Etats arabes sont membres, doit se tenir les 24 et 25 février en Malaisie, et une réunion extraordinaire de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) sur l'Irak doit avoir lieu les 4 et 5 mars à Doha». Certes, cependant cette explication, à tout le moins courte, et peu convaincante, ne tient pas la route si l'on prend en compte les profondes divergences qui ont marqué, samedi dernier, la réunion extraordinaire du Conseil des minis-tres arabes des Affaires étrangères, qui s'est séparé sans parvenir à fixer une date pour cet important rendez-vous. Le pavé jeté dans la mare, hier, par la source libanaise, ne fait, en réalité, que confirmer l'indigence ou se trouve une décision arabe unifiée. Cela n'est guère une surprise en vérité si l'on met en exergue le fait que depuis une année que les Etats-Unis se sont donné pour objectif prioritaire une frappe militaire de l'Irak, les Arabes avaient largement le temps de trouver une solution de rechange à la guerre. Or, les Arabes se sont surtout fait remarquer par un silence coupable et une absence totale sur la scène politique et diplomatique internationale. Un nationalisme étroit, quelque part rétrograde, des intérêts autres que ceux des peuples arabes, en sus du fait d'avoir lié leur devenir à celui de la superpuissance mondiale, font qu'en vérité les pays arabes se sont distancés, par rapport à leurs responsabilités envers leur peuple et la communauté arabe dans son ensemble, en ne parvenant pas à dire leur mot sur la situation d'une région qui est la leur. Cela a induit le spectacle peu amène de dirigeants arabes ne sachant pas reconnaître les intérêts et priorités bien compris de leur région. Ainsi, alors qu'un pays arabe, l'Irak, berceau de la civilisation universelle, est sur le point de sombrer sous les coups de la plus formidable armada guerrière de tous les temps, les dirigeants arabes, vacant chacun à ses occupations, trouvent plus urgent de regarder ailleurs. Le probable échec de la réunion du sommet extraordinaire arabe en est l'illustration la plus éloquente.