le dossier est dans l'antichambre du Parlement. Aberkane a présenté, hier, au siège de son département, l'avant-projet de loi sur la santé, une version provisoire soumise à concertation, fruit d'un travail d'experts et de professionnels du système national de santé. Dans un point de presse, le ministre a voulu prendre à témoin l'ensemble des acteurs de la santé publique de même que la société civile et les politiques, des avancées réalisées en matière de réformes. Des réformes qui, selon le Pr Aberkane, n'aliènent en rien les acquis de l'Algérie post-indépendance pour ce qui est de l'accès au soin et de la jouissance du plein droit à la santé, comme le prévoit la Constitution. Néanmoins cette réforme, et donc la nouvelle loi, actuellement soumise à maturation, vient à point nommé du fait que l'ancienne loi, c'est-à-dire celle de 1985, qui a, jusque-là, régi notre système de santé, n'arrive plus à garantir l'épanouissement sanitaire de l'Algérien au vu des changements inexorables en cours, notamment ceux révolutionnant le contexte mondial et auxquels ne pourrait échapper notre pays. Pour ce qui est du délai accordé à ses partenaires pour l'étude du document proposé, le ministre ne donne aucune indication sur le temps nécessaire; néanmoins il révèle que la nouvelle loi suggérée ne pourrait souffrir indéfiniment du «stand-by», car, à en croire les propos d'Aberkane, les pouvoirs publics seraient tenus à une obligation de résultats pour que ses réformes puissent jouir de «l'immunité exécutive». Pour sa part, le ministre, pour impossible que soit sa mission, ne se décourage pas pour autant: il sait mieux que quiconque que les changements qu'il veut instaurer exigent des moyens colossaux et que son initiative ne manquera pas de mettre en branle d'autres compétences dépendant d'autres secteurs ministériels, particulièrement celui des Finances qui aurait doté d'un plus le budget santé pour l'année 2003. C'est dire l'ambition du projet Aberkane. A telle enseigne que des observateurs se demandent comment obtenir les moyens financiers pour alimenter une telle entreprise. A coeur vaillant rien d'impossible, répond le ministre qui, à chaque fois, recentre le débat, dont l'actuel projet de loi n'est qu'un jalon, et propose une approche intelligente. «Les acteurs doivent avoir une approche claire des problèmes qui se posent, que la clairvoyance et la concertation l'emportent sur la guerre de tranchées qui n'est pas à exclure», explique-t-il aux acteurs du système de santé auxquels il recommande de refléter une image de cohésion la plus forte possible. Conscient donc de l'ampleur de sa tâche, Aberkane rebondit encore une fois sur cet avant-projet de loi pour faire un vrai plaidoyer pour la santé en Algérie. Il y expose les principaux points modifiés et tout ce qui concourt, de loin ou de près, à rehausser notre système de santé avec une meilleure utilisation des ressources à notre portée. Loin de vouloir précipitamment déflorer la loi par ce texte provisoire, Aberkane tient plutôt à mieux asseoir la concertation dans un système garant de la cohésion sociale telle la santé publique. Si Aberkane remporte son pari tout en sachant franchir les obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter, son action sera inévitablement encouragée par un véritable soubassement législatif. Une action dont les enjeux seraient colossaux. Mais Aberkane a une seule et unique conviction: «Les Algériens méritent un meilleur système de santé.»