La promotion du développement humain est à la base du Nepad. Cette pertinente remarque du Président Abdelaziz Bouteflika, qui participe avec ses homologues africains au 22e sommet France-Afrique qui s'est tenu jeudi et vendredi à Paris, introduit de facto les préoccupations africaines urgentes et prioritaires dans le cadre de la nouvelle formule de partenariat que les pays africains et les riches pays industrialisés du Nord entendent concrétiser à court et moyen termes entre eux. Intervenant dans le débat sur le développement humain abordé à la conférence par le chef de l'Etat malien, Amadou Toumani Touré, le président de la République qui a rappelé que le Nepad intègre le développement humain dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la lutte contre la pauvreté, a mis en relief les efforts qui restent à entreprendre dans ces secteurs. Dans ces domaines comme dans celui de la prise en charge des pandémies, particulièrement le sida, le chef de l'Etat a estimé que «l'implication et l'appui de la communauté internationale s'avèrent des plus urgents et des plus décisifs». Autrement dit, les pays africains avaient, à la faveur de ces retrouvailles de la France avec les dirigeants de ses ex-colonies dans ce continent marginalisé depuis des décennies, une autre opportunité pour réclamer la mise en pratique rapide de cette formule de partenariat entre deux mondes séparés par un fossé qui ne cesse de se creuser en matière de développement économique et social dans tous ses volets et surtout de progrès scientifique et technologique. Du coup, au-delà des conditions émises par les pays industrialisés pour transformer ce nouveau type de partenariat Nord-Sud en réalité quotidienne dans le continent africain comme la bonne gouvernance à travers une authentique démocratie et l'identification de la destination des fonds alloués, c'est l'urgence de la situation alimentaire de cette région du monde qui interpelle les dirigeants des pays donateurs. A quelques semaines du sommet UE-Afrique prévu le 5 avril dans la capitale portugaise, Lisbonne, et à quelques mois de celui du G8 programmé en principe début juin à Evian sous présidence française, le 22e sommet France-Afrique, qui vient de réunir à Paris autour du président français, Jacques Chirac, pas moins de 42 chefs d'Etat africains, se veut le prélude de ce que comptera comme poids diplomatique le continent noir dans la nouvelle configuration des relations internationales qui s'esquissent dans ce monde unipolaire dominé par les Etats-Unis d'Amérique. En tout cas, le président français, en clôturant le sommet, n'a pas manqué d'appeler à une «mobilisation» pour une «renaissance africaine».Concrètement, cela veut dire, comme l'a mentionné le Président Chirac, qu'«à cette mobilisation de l'Afrique, il faut que réponde la mobilisation de la communauté internationale, à commencer par celle du G8», via le soutien à ce fameux Nepad. Apparemment on est loin, très loin des «il faut» mitterrandiens que la France a tenté d'appliquer il y a quelques années aux pays africains sans aucune réussite. Le problème, tout le problème de la France aujourd'hui, est de savoir si Paris a la volonté, les moyens et la capacité de mobiliser ses partenaires du G8 pour venir au secours de l'Afrique.