De la réussite du mouvement dépendra, en fait, le nouvel équilibre des forces entre l'Exécutif et la Centrale syndicale. Ali Benflis a transmis, hier, aux SGP une note où il revient sur les missions et les prérogatives imparties à ces sociétés. Intervenant en sa qualité de président du Conseil des participations de l'Etat, le Chef du gouvernement a lourdement insisté sur la raison d'être des SGP, qui est celle de favoriser l'investissement et le partenariat, et a mis en exergue la nécessité de régler les problèmes en attente, notamment la mise à niveau des entreprises publiques. Cette note d'orientation, qui intervient 48 heures avant la grève générale décidée par l'Ugta, sonne comme une réponse indirecte aux préoccupations de la Centrale syndicale sur l'identité du véritable patron du CPE. Ali Benflis, qui semble faire montre d'une certaine fermeté dans sa note d'orientation aux SGP, se pose donc en situation de premier partenaire de Sidi Saïd. Un état de fait qui renseigne sur l'impact avéré, au niveau des sphères dirigeantes, de l'appel au débrayage de la Centrale syndicale. On en a pour preuve la sortie récente de Abdelhamid Temmar, ministre de la Participation, à Blida, où il a tenu des propos qu'on ne lui connaissait pas auparavant, notamment sur la sauvegarde des postes d'emploi comme premier souci dans le cadre des opérations de privatisation. Le même ministre, qui devrait rencontrer aujourd'hui la presse à l'hôtel El-Djazaïr, pour justement discuter des privatisations, et par extension de la grève générale, a dû reporter le rendez-vous pour cause de la tenue d'un Conseil interministériel. Cette réunion, programmée en dernière minute, devra sans doute traiter du sujet de l'heure. Le Chef du gouvernement et les ministres concernés auront donc à préparer une réponse adéquate aux revendications de l'Ugta. En tout état de cause, on n'exclut pas de la part de l'Exécutif un discours conciliant à l'adresse de son partenaire social, notamment sur la sempiternelle question des négociations au niveau des entreprises concernant toute décision d'ouverture de capital. Autant dire donc que l'appel de l'organisation de Sidi Saïd a fait tilt. L'Exécutif est apparemment sensibilisé et n'a pas attendu la fin du mouvement de grève pour annoncer indirectement sa disponibilité à être plus à l'écoute des revendications du premier syndicat national. Reste à connaître la réaction de l'Ugta, qui fait la sourde oreille aux appels du pied, est en pleine préparation de la grève générale (lire l'article de Mohamed Abdoun). De la réussite du mouvement dépendra, en fait, le nouvel équilibre des forces entre le gouvernement et la Centrale qui, forte de sa démonstration de force, se posera en véritable porte-parole des travailleurs algériens. Jusqu'où ira Sidi Saïd dans sa volonté d'en découdre avec deux lois qui semblent préoccuper le monde du travail au plus haut point ? Et quelles seront les concessions du gouvernement? L'essentiel du bras de fer tournera donc autour de ces deux questions et l'on suppose que l'Exécutif sera amené à se séparer des deux ministres qui posent problème: Khelil et Temmar. En effet, on croit savoir de bonnes sources qu'un remaniement ministériel est en vue dans le courant du mois d'avril, à un an de la fin du mandat de Bouteflika. Il est fort possible, insistent nos sources, que le Président de la République se passera à l'occasion des deux ministres gênants, histoire de garantir une paix sociale et une parfaite entente avec l'Ugta pour pouvoir organiser cette importante élection dans de bonnes conditions.