Jusqu'à hier le SG de l'Ugta n'a pas daigné commenter directement l'offre de dialogue de Benflis. L'appel au dialogue lancé le premier jour de la grève générale par le Chef du gouvernement a été sèchement accueilli par le patron de l'Ugta qui, en révélant une note adressée aux SGP par Temmar, concernant les privatisations des Giplait, entend mettre en exergue l'incohérence qui semble caractérisée le gouvernement quant à la démarche à adopter sur la question des privatisations. Jusqu'à hier donc, Sidi Saïd n'a pas daigné commenter directement l'offre de dialogue de Benflis, mais l'on s'attend à ce que la réaction de l'Ugta soit rendue publique demain lors de la conférence de presse qu'organisera son secrétaire général. Les nombreux observateurs qui suivent l'évolution de la situation socio-économique plaident pour une éventuelle bipartite dans les semaines à venir. Il est clair que la Centrale syndicale, principal partenaire du gouvernement, a fait en sorte de laisser une porte ouverte au dialogue. La mise à l'écart du secteur stratégique des hydrocarbures est, en fait, un signal fort de la part de l'Ugta sur sa volonté de maintenir en l'état, les rapports quelque peu privilégiés qu'elle entretient avec les pouvoirs publics. Cependant, la démonstration de force de ces deux derniers jours, donne aux dirigeants syndicaux plus d'assurance dans leur prochain rendez-vous avec l'Exécutif. L'équipe Benflis aura donc affaire avec un vis-à-vis revigoré et décidé à ne rien céder sur les dossiers des privatisations de la loi sur les hydrocarbures. Aussi, l'on comprend l'embarras du Chef du gouvernement de devoir concilier deux approches diamétralement opposées, sur ces deux questions précisément. De nombreux observateurs attendent la réaction future du gouvernement, à la lumière de la réussite du débrayage national de l'Ugta. En effet, comment Benflis, qui a toujours montré sa disponibilité au dialogue, arrivera-t-il à concilier le discours politique quelque peu socialisant de l'Exécutif et la dure réalité du terrain? Celle-ci requiert un plan de privatisation qui, d'une manière ou d'une autre, se fera sur le dos du travailleur. La Centrale syndicale entend passer le cap sans recourir aux compressions d'effectif. Or, Temmar, de son côté, même s'il clame régulièrement son intention de ne pas dégraisser le marché de l'emploi, n'en procède pas moins d'une manière qui appelle quelques inquiétudes. Entre ces deux extrémismes, Benflis doit trancher. C'est là un exercice très difficile qu'aucun Chef de gouvernement n'a réussi à ce jour.