Il n'y a jamais eu autant de syndicalistes sur place, même durant la période où la déstructuration des entreprises et la compression d'effectifs battaient leur plein. La Fédération des travailleurs de l'agroalimentaire a appelé, hier, ses militants à se joindre à la grève nationale décrétée par le patron de l'Ugta, M.Abdelmadjid Sidi Saïd. Les propos tenus par M.Kamel Bennabou, SG de la Fédération des travailleurs du secteur le plus affecté par la crise et qui dure depuis plus de dix ans, n'ont pas manqué de virulence à l'égard de la politique actuelle de privatisation et des ministres en charge de la politique économique. Le premier visé était incontestablement Abdelhamid Temmar, ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Ce dernier a été rendu responsable de tous les maux. Il faut dire qu'hier le siège de la Centrale syndicale ressemblait à une ruche d'abeilles par le nombre important de syndicalistes. En effet, il n'y a jamais eu autant de syndicalistes sur place, même durant la période où la déstructuration des entreprises et la compression battaient leur plein au milieu des années 90. La Fédération des travailleurs du secteur de l'agronomie s'est déclarée prête à suivre la grève de deux jours à laquelle la Centrale syndicale a appelé le 17 février. Ce secteur a enregistré les niveaux les plus bas selon les rapports du Conseil économique et social. Avec un taux de -18% de recul, les entreprises publiques de l'agroalimentaire vont droit vers le gouffre. Une situation qui alarme des milliers de foyers menacés de perdre leurs ressources. Les syndicalistes ont violemment critiqué l'enchaînement des crises politique et économique qui ont abouti à «la précarité de la situation sociale, à la pauvreté générée par la politique anarchique et au détournement des deniers publics ainsi qu'à la distribution inéquitable des richesses au profit d'une minorité». Des maux dont l'Ugta se lave les mains. Les responsables syndicaux de la Fédération de l'agroalimentaire exigent en premier lieu, l'arrêt du processus de privatisation qui ne fera qu'aggraver la crise sociale. L'Ugta demande également «la prise en charge du dossier de la Fonction publique afin de réhabiliter le statut du fonctionnaire», selon la radio d'Etat. Hier, les responsables locaux de syndicats accompagnés de leurs proches collaborateurs ainsi que les syndicalistes de la Fédération des travailleurs du secteur agroalimentaire ont répondu à l'appel du patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd pour la grève qu'il compte organiser à partir de demain. Une démonstration de force pour donner un avant-goût du débrayage qui amorce le début d'une campagne présidentielle précoce qui ne dit pas son nom.