On parle de déposer plainte contre le précédent de jeudi. Blessés dans leur amour-propre, à la suite de «la répression musclée de la marche» pour l'Irak, les militants du MSP ont convoqué, hier, une conférence de presse en l'absence du cheikh Nahnah, encore en convale-scence. C'est le chef du groupe parlementaire, Abdelmadjid Menasra, qui prend alors la parole pour accuser les pouvoirs publics d'atteinte grave aux droits de l'action politique et de la libre expression. «Non au muselage des libertés; nous avons fait notre devoir en manifestant pacifiquement notre solidarité avec l'Irak au nom du peuple algérien.» Selon l'orateur, la riposte du MSP est d'ores et déjà programmée: l'on compte rééditer la marche; elle aura lieu jeudi 13 mars dans la capitale sans toutefois donner d'autres précisions à ce propos. Mais d'autres mesures seraient également décidées au sein du parti, notamment la convocation, par le groupe parlementaire du MSP, d'une réunion des deux Chambres du Parlement au sujet de la politique étrangère algérienne vis-à-vis de la crise en Irak, non sans avoir, au préalable, lancé un appel au Président auquel on demanderait de se prononcer sur l'attitude algérienne à l'égard de l'Irak, une attitude que le MSP verrait plutôt «empreinte d'équivoque et de confusion». L'interdiction de la marche ne pourrait que traduire des velléités de soutien à la guerre, renchérit Menasra. En outre, l'on parle de déposer plainte contre le précédent de jeudi où 15 mem-bres du parti auraient été blessés. Une violence mal acceptée puisque l'on se demande encore: «Qui a donné l'ordre de mater les manifestants menés par des ministres?» Interpellé sur l'interdiction des marches toujours en vigueur, Menasra rétorque qu'à force d'interdictions abusives des manifestations de rues, «Alger est devenu une grande caserne où tout le monde serait maintenu en quartier consigné». Nous sans relever que la marche du 14 juin - sans organisateur - à la source de «l'interdiction administrative» des marches à Alger n'a rien à voir avec les marches organisées par des formations politiques dûment agréées par l'Etat et que maintenir cette interdiction, inexistente à l'intérieur du pays, relèverait de «l'illégal» et de l'abus administratif. Etant entendu que l'état d'urgence, qui dure depuis dix ans, n'a jamais été synonyme d'interdictions des marches ou des suspensions de l'activité politique. Ajoutant que persévérer dans cette prohibition des marches relèverait «du suicide démocratique». Mieux à la domestication de l'action politique. Cette conférence de presse convoquée à la veille de l'arrivée de Jacques Chirac, chef de l'Etat français, rappelle à Menasra la position fort courageuse de la France vis-à-vis de la crise irakienne au point de dire que la venue du président français à Alger est fort utile.