Les adversaires de Bouguerra Soltani viennent d'annoncer la création d'un nouveau parti, appelé le Mouvement pour la prédication et le changement. Le conflit Menasra-Soltani a fini par aboutir à sa conclusion logique: le divorce entre les deux tendances du MSP. Ayant déclaré une «guerre» contre Bouguerra Soltani, président du MSP, les partisans de Abdelmadjid Menasra ont fini par mettre à exécution leur menace de créer leur propre parti, le nouveau «Mouvement pour la prédication et le changement» (MPC). Ce mouvement est créé par les adversaires de M.Soltani accusé d'avoir «dévié le Mouvement pour la société et la paix de la ligne tracée par son fondateur le défunt cheikh Nahnah». Cette annonce a créé un climat de panique au MSP, notamment après l'invitation adressée par les initiateurs du MPC aux militants du MSP à rejoindre cette nouvelle formation. «Nous sommes sérieusement surpris par l'initiative des frères, (partisans de Menasra, Ndlr)», a déclaré hier à L'Expression Abderrahmane Saïdi, président du conseil consultatif du MSP. Suite à ce clash, le MSP a convoqué une réunion de son conseil consultatif pour débattre de la nouvelle donne induite par l'apparition d'un parti parallèle. «Nous avons prévu une réunion du conseil consultatif pour débattre d'un bon nombre de points mais après l'annonce de la création du MPC nous étudierons en priorité cette question.» Que sera-t-il décidé? Au MSP, les choses sont, semble-t-il, claires. Menasra et son équipe du MPC ne sont plus, désormais des militants du MSP. «Nous attendons de connaître d'abord les signataires du communiqué annonçant la création de ce mouvement parallèle et d'avoir plus d'explications. Bien entendu, les signataires favorables à un autre mouvement ne seront logiquement plus militants au MSP.» Pour beaucoup de cadres du parti de cheikh Nahnah, les absences répétitives du «clan» Menasra aux activités politiques du MSP ainsi que l'annonce de la création d'un mouvement parallèle n'ont qu'une signification: le retrait de Menasra et de ses alliés du MSP. «Nous n'exclurons personne. Les portes du mouvement restent ouvertes à tous ses enfants. Ceux qui refusent d'activer à nos côtés ne sont évidemment plus avec nous en choisissant d'activer dans un autre cadre et dans d'autres espaces politiques.» Les partisans de Menasra reprochent à la direction actuelle du MSP le changement de l'entité idéologique et organisationnelle de la formation. Cette situation a provoqué, selon les initiateurs du Mouvement pour la prédication et le changement, une atmosphère malsaine dans les esprits des enfants fidèles à la ligne du MSP telle qu'elle a été conçue par feu cheikh Mahfoud Nahnah. Notons que le conflit entre les deux clans n'est pas nouveau. Les deux «chefs» se sont engagés du vivant même de Mahfoud Nahnah dans une «guerre de leadership». Le conflit a atteint son sommet lors de la tenue du quatrième congrès du MSP, qui a tenu ses assises l'année passée. Cette situation a d'ailleurs mis en péril l'organisation du congrès, aucune des parties en conflit n'ayant accepté de «déposer les armes». Il a fallu attendre le troisième jour du congrès pour voir Abdelmadjid Menasra jeter l'éponge et annoncer son retrait de la course à la présidence du MSP. Depuis, le conflit n'a cessé de s'intensifier. Les nombreuses tentatives de réconciliation diligentées entre les deux ténors de l'islamisme «soft», prônées par les cheikhs n'ont abouti à rien de concret. Résultat: les partisans de Menasra s'émancipent de leurs anciens compagnons et créent leur propre parti.