Ils étaient au moins 2000, à se rassembler pour un meeting de solidarité avec le peuple palestinien. Après avoir été violemment empêché de marcher jeudi, à Alger, le Mouvement de la société pour la paix du cheikh Mahfoud Nahnah a réussi, au terme d'un coup de force spectaculaire, à investir les rues de la capitale, pour improviser un sit-in puis une marche vers le Palais du gouvernement situé à quelques escaliers près du lieu du meeting à Ibn Khaldoun. Ils étaient au moins 2000, pour la plupart de jeunes étudiants et de jeunes filles en hidjab clair et en khimar blanc (couleurs de la paix), à se rassembler pour un meeting de solidarité avec le peuple palestinien. Un meeting populaire qui intervient un jour après que les principaux cadres du MSP eurent été sérieusement malmenés par les services de l'ordre, devant le siège du parti sis aux halles à Belcourt. A ce propos, plusieurs députés, dont un président de commission à l'APN, ont déposé plainte contre un responsable de la sûreté nationale pour avoir porté atteinte à un élu de la nation et proféré des propos injurieux contre une femme députée et certains membres du parti à l'Assemblée. Cette frustration de n'avoir pas pu marcher jeudi a poussé certains députés à récidiver et à rassembler leurs troupes constituées essentiellement d'étudiants de l'Ugel et certains instituts scientifiques de la région. La salle Ibn Khaldoun n'avait pas vécu une telle effervescence depuis l'élection présidentielle de 99. La salle, d'une capacité de 500 places, ne pouvait contenir les 2000 partisans de Nahnah venus en force avec des mégaphones, des drapeaux palestiniens et des banderoles hostiles à Israël et même au pouvoir, accusé d'avoir abandonné la cause palestinienne. Curieusement, cette démonstration de force s'est faite, en l'absence du président du mouvement Cheikh Nahnah, qui, selon ses collaborateurs, est dans l'un des pays du Golfe pour participer à un séminaire pour justement soutenir la Palestine. Une absence de taille qui n'a néanmoins pas diminué la volonté de ses partisans à crier haut et fort des slogans pour la Palestine. Plusieurs figures du mouvement se succédèrent à la tribune pour dénoncer la politique passive du gouvernement et scander des slogans hostiles aux pays arabes et plus particulièrement leurs dirigeants. A cette occasion, le leader de l'Ugel, principale branche estudiantine du MSP, a annoncé l'organisation d'une marche pour mercredi prochain à 15 h de la faculté centrale à l'APN. Vient ensuite Abdelrazak Mokri, le député du MSP connu pour son engagement politique, qui mena le bal des hostilités, en annonçant une mobilisation de 60 jours, organisant meetings et marches pacifiques pour la Palestine. Le responsable du MSP voulait ainsi répondre à la répression violente des forces de l'ordre jeudi. «Comment un pays comme l'Algérie, qui s'est permis de battre un allié de l'OTAN, peut-il se permettre aujourd'hui d'être le dernier des pays à réagir au génocide du peuple palestinien», crie Mokri à l'adresse de la foule, mais aussi du pouvoir qui empêche le peuple de marcher dans la rue. Le célèbre orateur du MSP, qui remplaça au pied levé le président du mouvement, a réussi à mobiliser la foule pour la cause et à entraîner le mouvement de contestation dans la rue. «Nous voulons marcher pour la Palestine, nous voulons sortir dans la rue», lança-t-il à la foule en délire. Le député furieux décide alors, de son propre chef, de quitter la salle invitant la foule à le rejoindre. Une situation indélicate pour les responsables du parti qui ne s'attendaient pas à une telle improvisation et qui ont, par conséquent, demandé à Mokri de patienter un moment pour faire lire à la foule une résolution qu'ils comptaient déposer chez le Chef de gouvernement. Dehors, les services de sécurité, qui, curieusement, n'étaient trop nombreux, étaient sur le qui-vive pour prévenir tout dépassement et réprimer toute marche. Mais devant l'importance de la foule et l'imposante démonstration de force, le cordon de sécurité a cédé du terrain et laissé les partisans du MSP investir la rue scander des slogans hostiles à Israël et brûler des drapeaux de l'Etat hébreu devant l'étonnement de la rue algéroise. Quelques députés conduits par le président du groupe parlementaire, Abdelkrim Dahmane, le chef du mouvement de protestation Abdelrezak Mokri et le chargé de communication du MSP Ahmed Dène, ont réussi à convaincre les forces de sécurité à remettre une lettre officielle du parti au chef de cabinet du Chef du gouvernement. Après ce coup de force du parti de Nahnah, le MSP a démontré qu'il était un parti imposant et respecté, qui a réussi, grâce à une stratégie bien ficelée, à conduire une marche et faire passer son message politique à la veille d'un majliss chouri qui se fixera définitivement sur les élections et sur le problème épineux de la Kabylie.