Ce sont deux villes calmes et sereines que nous avons découvertes. Tizi et Béjaïa semblaient être beaucoup plus préoccupées par un quotidien difficile que par cette même action que les ârchs veulent mener en pleine capitale. Aussi, aucune situation d'exception n'a été constatée sur place. Les citoyens n'abordaient que rarement ces deux événements d'aujourd'hui à Alger, à savoir le rassemblement des délégués à l'occasion de la visite du président français, Jacques Chirac, dans notre pays. Hormis l'activisme que certains délégués des ârchs affichaient fièrement, la population kabyle donnait l'impression de n'être plus aussi intéressée par «ce bras de fer» engagé entre le pouvoir central et les ârchs. Il faut dire que cette situation ne date pas d'aujourd'hui, la démobilisation, qui ne cesse de s'affirmer depuis les fameuses élections locales, ne fait qu'isoler davantage les jusqu'au-boutistes. Par rapport à la visite elle-même, beaucoup de citoyens la voient d'un bon oeil, eu égard à ses conséquences sur les relations bilatérales. Surtout pour une jeunesse qui aspire à plus de facilité pour rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Aussi, leurs discussions restaient-elles dominées par une éventuelle fluidité des frontières que cette visite pourrait concrétiser pour l'homme de la rue, l'action des ârchs, qui sera entreprise aujourd'hui à Alger pour interpeller le président Chirac, «restera sans effet majeur» ou que les événements ne sont nullement ignorés outre-mer. Si «un silence complice» s'est installé depuis le début des événements, cela veut tout simplement dire qu'il «y a anguille sous roche». Certains citoyens vont jusqu'à qualifier cette action de «demande d'ingérence» dans les affaires intérieures d'un pays souverain. A Béjaïa, le même constat s'est présenté à nous à Al-Kseur, ville locomotive de la protesta dans cette région, même l'appel à la grève générale de deux jours n'a pas eu l'écho escompté. Des rumeurs que nous n'avons pu confirmer donnaient Ali Gherbi absent à Alger. C'est dire la descente aux enfers d'un mouvement jadis porteur de tous les espoirs. Un sentiment que les citoyens abordés n'hésitent pas à afficher. Autres indices lourds de sens, restent incontestablement la disparition progressive de graffiti qui ornaient façades et murs depuis près de deux ans. Bref, la Kabylie veut renouer avec la paix et semble déjà prendre le train y menant.