La décision prise récemment par les pouvoirs publics confirme le maintien du calendrier électoral. La dégradation continuelle de la situation en Kabylie semble être au centre des préoccupations des pouvoirs publics et une partie des ârchs. L'option officielle du gouvernement pour l'organisation des élections partielles en Kabylie au courant du mois de mars prochain et les initiatives prises ici et là pour un dénouement de la crise restent l'essentiel des sujets de discussion entre citoyens en ces longues nuits de ramadan. L'invalidation des résultats du scrutin des locales dans 56 communes en Kabylie a donné lieu à une situation de vide institutionnel jamais vécu auparavant et dont les conséquences sont très lourdes à supporter par le citoyen. De nombreuses réactions et supputations autour de l'avenir immédiat de ces municipalités ont vu le jour au niveau des différentes structures agissant sur la scène politique locale. Tandis que certains ont pris au vol la proposition de Ferhat Mehenni consistant, en substance, à la désignation d'un président parmi les membres d'un conseil formé par les délégués dûment mandatés par les populations, d'autres ont opté pour la nomination concertée d'un administrateur qui sera secondé par un conseil consultatif. La décision prise récemment par les pouvoirs publics prend ainsi tout ce beau monde à contrepied et confirme, si besoin est, le maintien du calendrier électoral. Devant la démobilisation criante, qui s'est manifestée à l'occasion des dernières actions, on n'ose pas, pour l'instant, se prononcer du côté des ârchs, même s'il est quasiment certain d'une reconduction de la précédente position de rejet. C'est du moins ce qui ressort des propos de certains animateurs des ârchs présentement beaucoup plus préoccupés par l'urgence de libérer leurs camarades en prison. Les échecs successifs constatés sur le terrain lors des actions retenues en riposte à la fermeté du pouvoir et au soutien aux détenus, ont démontré combien le mouvement a pris du recul. L'essoufflement conjoncturel ne doit nullement cacher les dangers qui menacent toujours la région. Au-delà des raisons qui en sont à l'origine et qui relèvent tout simplement de la logique, il y a lieu de s'interroger sur les capacités dont disposeraient les ârchs pour mener à bien un éventuel «rejet ou empêchement», mais le souci de tout un chacun reste la recrudescence de la tension qui risque de se produire en pareille circonstance. Ce nouveau round du bras de fer pouvoir-ârchs s'annonce difficile, mais différent des précédents. Il faut dire que la participation du FFS aux locales du 10 octobre a bouleversé l'échiquier politique de la région. Un échiquier qui s'apprête à connaître d'autres changements. Les ârchs d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'hier. Gagnés par l'essoufflement, ils sont présentement dominés par deux courants politiques, le RCD et les autonomistes. Les structures du mouvement donnent l'impression d'arriver au bout du chemin d'autant plus que l'idée d'une solution politique semble vouloir prendre forme chez de nombreux délégués. Cette dernière serait parrainée par un RCD, soucieux de se replacer sur la scène politique nationale. Une source partisane, qui a requis l'anonymat, nous déclarait récemment que «la situation de la région a atteint un degré de pourrissement tel qu'il est urgent d'imposer une solution politique». Une solution qui passerait forcément par des négociations. «Cette initiative» viserait, toujours selon la même source, à «contrecarrer les tractations menées en ce moment, en vue d'un dialogue de dénouement de la crise» avec un avantage de taille, car «elle viendrait directement du mouvement à travers les animateurs militants», ce qui lui donnerait un caractère plus sérieux par rapport aux autres initiatives dont les concepteurs n'ont aucun lien avec le mouvement. Quand bien même le RCD serait favorable à cette issue, il lui sera très difficile de l'imposer aux autonomistes qui continuent à dominer les ârchs.