Le P-DG d'AT ne cache pas que la SPA dont il a la charge fait face à d'énormes problèmes techniques. En effet, le réseau de téléphonie mobile que gère Algérie Télécom (AT), avec ses quelque 120.000 lignes, explique Messaoud Chettih, «est entièrement saturé. Nous avons même dépassé légèrement les capacités existantes». En ce sens, prévient-il, «outre les 20.000 lignes d'urgence devant être mises en service incessamment, pas moins de 500.000 nouvelles unités seront opérationnelles dans un avenir assez proche alors que dans le moyen terme, c'est-à-dire dans quelques années, AT prévoit de diversifier ses produits, notamment en mettant sur le marché jusqu'à deux millions de lignes prépayées». Messaoud Chettih, qui a déjà géré de grandes entités économiques, est sans doute bien placé pour savoir que la quantité détermine forcément le prix des produits. Ainsi, «la hausse du nombre de lignes, alliée à l'entrée en service d'un troisième opérateur dès 2004, induira des baisses significatives du prix du téléphone portable». Car, reconnaît-il sans peine, «l'accès actuel en est prohibitif, mais nous oeuvrons à démocratiser le GSM». Les choses ne vont guère mieux au niveau du fixe où AT continue de contrôler l'intégralité du marché. Sur ce plan, Messaoud Chettih est dur avec lui-même et son équipe. «Il est anormal que le nombre de demandes insatisfaites soit de 850.000 alors que le délai moyen de satisfaction d'une demande est d'environ deux années». L'Algérie est de très loin en dessous des normes internationales. Le P-DG d'AT n'ignore pas qu'il devra redresser la barre dans les plus brefs délais puisque la demande existe, que les potentialités du marché algérien sont énormes et que le principal concurrent d'AT lorgne déjà du côté de la téléphonie fixe. AT, créée par décret en janvier 2003, ne trouve toujours pas ses aises puisque les données exactes liées à ses biens, son chiffre d'affaires et ses potentialités ne semblent pas connues avec exactitude pour son premier responsable. Ce n'est pas tout. Comme l'explique le P-DG d'AT, «le passage d'une gestion administrative à celle plus pragmatique, basée sur la rentabilité et l'efficacité, n'est pas chose simple». A titre d'exemple, Messaoud Chettih précise que «le taux de non-recouvrement des créances est anormalement bas puisqu'il ne dépasse pas les 60 %». Si AT oeuvre à améliorer de manière significative ce pourcentage, d'où les coupures systématiques des lignes des «mauvais payeurs», avec les nombreuses erreurs qui en résultent (admises bien volontiers par Messaoud Chettih) avec, en principe, une amélioration proportionnelle en matière de qualité de services, ce qui est loin d'être le cas présentement. Le projet de mise en circulation de factures détaillées, explique-t-il, «devrait mettre un terme à tout cela. Le projet a coûté à AT 22 millions d'euros. Un premier site pilote a été mis en place à El-Biar. Les premiers résultats s'annoncent on ne peut plus probants.» Sur le plan social, Chettih rappelle qu'il a toujours été contre les compressions. Les 22.000 employés d'AT ne seront donc touchés par aucun plan social. Mieux «des recrutements sont sans doute attendus dans des délais très courts puisque la téléphonie mobile, appelée à prendre de plus en plus d'ampleur, n'emploie pour le moment que très peu de personnes». A cela s'ajoutent les possibilités de redéploiement des employés suivant les besoins de chaque service.