Algérie Télécom avance difficilement vers les normes internationales dans le secteur. Le jour même où M. Messaoud Chettih, P-DG d'Algérie Télécom ( AT ) était l'invité de la rédaction de L'Expression dans le cadre de sa rubrique «A coeur ouvert», le Conseil de l'autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt) rendait public son rapport d'évaluation de la couverture et de la qualité de service du réseau de téléphonie mobile de son entreprise. L'opération, qui a porté sur un échantillon de 410 sites situés dans 12 wilayas concernées par cette première phase d'évaluation, a été menée sous forme d'enquête par des spécialistes en télécommunication qui avaient supervisé une opération similaire sur le réseau de l'autre opérateur concurrent d'AT, Orascom Télécom, en août et septembre derniers. L'évaluation, établie selon les procédures et les normes en vigueur dans d'autres pays, a été sans complaisance. L'opérateur AT a `été invité à justifier «le défaut» d'exécution des obligations de couverture et de qualité de service de son réseau GSM. Autrement dit, autant sur le plan technique c'est-à-dire l'équipement et la viabilité du champ de couverture du réseau que celui relatif au domaine des servi-ces et de leur qualité, l'opérateur public mais néanmoins de statut SPA, n'est pas près de se rapprocher des normes internationales ou même régionales en la matière. Rien que sur le système de facturation, notamment pour la téléphonie fixe, les doléances des abonnés ne se comptent plus. Et sur cette question, lors de son entretien avec les éléments de la rédaction de L'Expression, le P-DG d'Algérie Télécom reconnaît volontiers qu'«il y a des problèmes». Si la situation est différente selon qu'on se place dans le domaine de la téléphonie fixe ou de celle du mobile, il n'en reste pas moins que des cas surréalistes de surfacturation continuent de temps à autre à alimenter les discussions ou les colonnes de l'insolite dans les journaux. Expliquant ces anomalies, M.Chettih, considère que «sur le fixe, il y a des situations de ce genre, qui sont dues au système de facturation lui-même, mais que nous sommes en train de changer avec notre partenaire France Télécom». Aussi, a-t-il annoncé, «nous allons avoir le même système que cet opérateur. C'est un gros système de facturation et qui plus est, nous permettra de gérer la partie technique et commerciale, et notamment la fameuse facture détaillée». Il faut savoir, aux dires du P-DG d'AT, que ce système est le résultat d'un gros contrat entre les deux parties d'un montant de 22 millions d'euros. Une opération qui selon lui, demande des équipements, de la formation, des logiciels, etc, et qui débutera «par l'émission, en mai prochain, de la première facture concernant le site pilote que nous avons décidé de monter à El Biar (28.000 abonnés du fixe). Il s'agit, a-t-il rappelé, du fameux système Gaya lancé l'année passée. Balayant d'un revers de la main les difficultés structurelles et financières dans lesquelles se débattent nombre d'opérateurs européens de la téléphonie, avec lesquels l'Algérie est en partenariat vu que son entreprise acquière des systèmes clé en main, M.Chettih a estimé que ces contraintes «seront sans répercussions négatives» sur le marché des télécommunications en Algérie. Celui-ci est «très porteur» au vu de ses objectifs à long terme (horizon 2010) qui tournent autour de 25 % de télédensité. Or, aujourd'hui, de l'aveu du premier responsable d'AT, «la télédensité pour le fixe n'est que de 6%» ce qui ne correspond pas, d'après lui, au niveau de développement économique et social du pays, même avec l'objectif à court terme de 12% (doublement du nombre actuel des abonnés qui est de l'ordre de 1,8 million). Quant à la téléphonie mobile, qui tourne autour des 18% et qui est aussi ridiculement basse, comparée aux possibilités du marché, estimée par lui à plus de 2 millions de lignes. Alors l'opérateur historique de la téléphonie mobile en Algérie rattrapera-t-il son énorme retard dans le domaine par rapport aux autres fournisseurs de ces services locaux et régionaux? Quant aux opérateurs mondiaux, cela relèverait du domaine de l'utopie.