Peut-on dire qu'on s'est un jour attaqué sérieusement à ce phénomène ? Cette question doit être posée au moment où le phénomène prend une ampleur rarement égalée. Il ne se passe plus une journée de championnat, tant en division 1 qu'en division 2, où il n'est pas fait état de malversations qui auraient lieu dans la discipline. La Ligue nationale, qui faisait preuve d'une curieuse placidité, a décidé de réagir sous la pression des médias. Il était tout de même navrant qu'une structure gérant des compétitions reste sans réaction face à un phénomène qui a éclaboussé notre football et la Ligue elle-même. La LNF a donc décidé de prendre ses responsabilités dans l'affaire Kherkhache-Smaïli du nom de deux joueurs du MOConstantine qui ont déclaré, par voie de presse, avoir été approchés par un dirigeant du CABordj Bou-Arréridj en vue de les soudoyer. Disons que cette affaire a été, en quelque sorte, la goutte qui a fait déborder le vase car des cas de ce genre, les journalistes en ont parlé en long et en large sans que la LNF ni la FAF n'osent lever le petit doigt. On citera l'histoire des joueurs de l'IBKEK accusés par leur président d'avoir levé le pied lors du match contre le CSC, celle du président du GCMascara qui s'en est pris, lui aussi, à certains de ses joueurs coupables selon lui, d'avoir,été approchés par des dirigeants de l'USMBel Abbes, les accusations sans cesse répétées de l'ex-président du CSConstantine, Abdelkrim Benghezal à l'encontre de Abdelmadjid Yahi, le président de l'USChaouia et vice-versa, etc. Bref, la galerie voguait au gré des flots et les structures dirigeantes du football algérien dormaient sur leurs deux oreilles. A chaque intervention, elles nous répondaient: «Il nous faut des preuves». En cela, elles se trompent et veulent tromper l'opinion publique car il ne leur a jamais été demandé de mener une enquête. La corruption est un acte délictuel qui relève du droit pénal. Normalement, une plainte n'est pas nécessaire pour enclencher une enquête sur le sujet. Le parquet peut se saisir de l'affaire sur la simple déclaration d'un citoyen reproduite par la presse, donc connue de tous. Si celui-ci venait à ne pas réagir, la LNF ou la FAF ont la possibilité, par le biais de leurs avocats, d'introduire une plainte auprès du procureur de la république de leur circonscription. C'est en effet à la justice qu'il revient de procéder à la recherche de la vérité par l'entremise de la police judiciaire. C'est à elle, en cas d'aboutissement positif de l'enquête, de prononcer des sanctions pénales à l'encontre des contrevenants. La LNF et la FAF n'interviendront, elles, que sur le volet sportif : relégation des équipes incriminées, radiation des joueurs et des dirigeants, etc. Bref, les deux instances sportives ont tout un arsenal pour sévir. Tout le monde garde en mémoire la fameuse affaire Valenciennes-O.Marseille du milieu des années 90. Tout était parti d'une déclaration d'un joueur de Valenciennes, Jacques Glosman, qui avait déclaré avoir été l'objet d'une tentative de corruption de la part des dirigeants du club marseillais. Tout comme les deux joueurs du MOC, cités plus haut, lui aussi avait été contacté par téléphone. La justice française n'avait eu que ce témoignage comme preuve pour procéder à une enquête et lorsque la police judiciaire y a fourré son nez, elle en a sorti un poisson gros comme ça. La LNF française et la FFF s'étaient portées parties civiles et avaient décidé la rétrogradation en division 2 du club marseillais. Elles étaient allées jusqu'à déchoir l'OM du titre de champion de France qu'il venait de conquérir. Ceci sans oublier les quelques mois que le directeur général du club marseillais avait passé en prison. C'est donc de l'audace qui est demandée tant à la FAF qu'à la LNF. C'est-à-dire qu'elles aillent à la justice déposer plainte. Et une véritable action, pas du genre de celle que le MJS avait déclaré avoir enclenché en 1997 à l'encontre des présidents du MC Oran, du CSConstantine et de l'USChaouia de l'époque (Yahi de l'USC l'était déjà) et dont à ce jour, on n'a eu aucun indice. La justice traînerait-elle à ce point sur un dépôt de plainte, de la part des DJS locales, qui date de près de six ans ou bien n'était-ce qu'une sorte d'esquive de la part du MJS pour faire oublier une affaire qui avait fait grand bruit à l'époque? En l'absence de suites, c'est la porte ouverte à toutes les supputations.