Que pourra engendrer la chute de Khalifa? Rien, sinon une bombe qui risque de faire des dégâts. Le Groupe Khalifa a, en cinq années, occupé le terrain par des investissements intenses dans tous les domaines touchant directement le quotidien des Algériens. Une vérité difficile à omettre. Si elle ne semble pas concerner les détracteurs du Groupe, elle embarrasse bien au contraire les pouvoirs publics. Le Groupe Khalifa représente la source de revenus de 15.000 foyers au moins alors que 5000 sont à prévoir pour un avenir très proche. Khalifa Airways, El Khalifa Bank, Khalifa bâtiment, et enfin Khalifa-média (Télé-radio) le groupe est partout. Son implication et son apport en matière de qualité de service, dans la vie économique, sociale culturelle sont incontestablement importants. D'autant plus qu'il englobe des domaines sensibles pour une économie algérienne qui se cherche un modèle fiable. La désillusion provoquée par la campagne anti-Khalifa a été ressentie d'abord par les employés du groupe et du côté des milliers de jeunes qui tentent de se reconnaître en Khalifa. Leur interrogation est autant simple que complexe. Est-il concevable qu'un groupe qui, jusqu'à un passé très proche, symbolisait le succès en montrant des signes de bonne santé, puisse être forcé à déclarer «forfait»? Le groupe s'est distingué par des activités que beaucoup d'autres opérateurs qualifient de périlleuses dans un marché encore incertain. Quand bien même l'heure des bilans serait encore loin, plusieurs jeunes diplômés dans le domaine de la pêche, de l'informatique, de l'agronomie, des services ont retrouvé espoir, après la frustration auprès des autres banques, grâce au financement de Khalifa. A ce propos, les chiffres avancent que leur nombre dépasse largement les autres banques privées qui ont, au contraire, tendance à financer les gros bonnets dans les opérations d'importation. Par ailleurs, l'implication et l'amélioration des services par Khalifa Airways, dans le domaine du transport aérien, ont pratiquement changé le comportement des usagers. L'Algérien n'effectue plus une réservation un mois avant son déplacement, ne fait plus la queue devant les toilettes de l'aérogare pour acquérir une carte d'embarquement via la «tchippa» de rigueur. En un temps record, les activités du groupe ont pris un essor qui a dépassé l'aspect économique et commercial. La question de l'eau qui a failli faire plonger le pays dans une autre période sombre, a aussi connu l'intervention de Khalifa apaisant ainsi les craintes des Algérois de vivre une soif prolongée. La vie sportive en Algérie aura certainement aussi son lot de désillusions si l'Aigle bleu regagne le sol. En effet, les équipes menacées de disparition pour manque de financement sont maintenues en vie grâce au Groupe Khalifa. Leur disparition aura un double impact sur les plans sportif et social. Car des équipes comme, le MCA, le CRB, le Nahd, l'USMA, le MCO, et bien d'autres encore verront leurs supporters se déchaîner davantage. La question qui tourne autour de l'éventuelle chute du groupe commence beaucoup plus à faire son chemin dans la rue algérienne que dans les milieux des affaires. Plus grave, une chute éventuelle du groupe de celui que l'on nomme, le golden boy, Rafik Khalifa, en cette année charnière, représente, pour certains milieux, aussi bien un choc politique qu'économique et social. Du fait que la campagne ait atteint son paroxysme notamment avec la visite de Chirac en Algérie, le plus commun des citoyens essaye de trouver un qualificatif à une drôle d'odeur entourant cette campagne. Il n'a rien trouvé d'autre que la sale odeur de la politique. La rue exprime tout autre chose que celle que l'on essaye de lui faire comprendre. Lorsqu'il s'agit de la colonne vertébrale du groupe, en l'occurrence El Khalifa Bank, la réaction paraît plus naturelle. Le communiqué indique que la banque Khalifa compte pas moins «de 1,5 million de clients à travers 135 agences qui continuent de témoigner leur confiance à cette institution qui participe au développement économique, social et culturel du pays (...). Sa solvabilité ne saurait être remise en cause par des campagnes de déstabilisation.» Autrement dit, l'implication du groupe dans la vie économique du pays est bien trop importante pour qu'il disparaisse sans laisser des séquelles.