Les pouvoirs publics ont décidé d'impliquer les banques publiques dans ce processus. C'est du moins ce qui ressort de la participation de Mme Fatiha Mentouri, ministre déléguée à la Réforme financière, à la journée d'étude sur les banques et la mise à niveau des entreprises, organisée, hier, par le ministère de l'Industrie à Alger. Après l'intervention inaugurale du ministre de l'Industrie, M.El-Hachemi Djaâboub dans laquelle il a plaidé «pour l'implication des banques dans la mise à niveau», Mme Mentouri a mis un bémol, selon les observateurs, en brossant un diagnostic du secteur bancaire et du processus de réforme financière. La ministre a parlé de «taux d'intermédiation faible» et d'«inefficience des systèmes de paiement». A titre indicatif, elle dira que «la valeur des paiements est de 8 fois le PIB alors qu'il est de 40 à 50 fois dans les pays voisins». Après un bref rappel de la première phase de mise à niveau des banques publiques ayant coûté à l'Etat 1 250 milliards de dinars, elle a indiqué que la prochaine étape s'articule autour de «la refonte des systèmes de paiement et le renforcement de la capacité de gestion» des banques. Elle a parlé volontairement de modernisation des systèmes de paiement qui devrait aboutir à une fluidité de la circulation de l'information et au développement de la bancarisation. Elle dira à ce propos que l'Etat s'est fixé comme objectif de réaliser 1% d'augmentation de la bancarisation par an et sur un délai de 5 ans. Elle annoncera, par ailleurs, le lancement prochain de la monétique et la lutte contre l'évasion fiscale par la fluidité de l'information chez les acteurs concernés. L'autre grand axe de la réforme financière est le «renforcement de la capacité de gestion des banques». En termes de chiffres, le volume des crédits des banques publiques a été de 1070 milliards de dinars en 2001, dont 71% est allé au secteur public. La ministre a relevé la «rareté des projets viables» d'une part et le fait que «les banques publiques ont atteint les limites de leurs capacités d'intermédiation» et, enfin, la «passivité dans la collecte des recettes» d'autre part. Il ressort de ce diagnostic que «malgré leur surliquidité, les banques publiques sont peu outillées en études de risques». Mme Mentouri ira plus loin en déclarant : «Les banques publiques et privées sont sous-capitalisées et ne répondent pas aux besoins de l'investissement.» Autrement dit, même les banques ont besoin de mise à niveau et d'«orthodoxie dans l'exercice des métiers de base». La ministre a abordé la Bourse en préconisant le déplafonnement par l'ouverture du capital des entreprises cotées à ce jour à hauteur de 40%, pour, dira-t-elle, «endiguer la décrépitude de la Bourse». L'oratrice conclura en déclarant que l'Etat ne doit pas se désengager de la mise à niveau et les banques publiques doivent accompagner, sous des formules à arrêter, les entreprises publiques jusqu'à leur privatisation. Elle a également plaidé pour le lancement des banques d'affaires. En marge de cette journée d'étude, M.Abderrahmane Ben-khelfa, secrétaire général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), a plaidé, pour sa part, en faveur de la création d'une agence ou d'une structure autonome pour l'étude des dossiers des projets au lieu de continuer à confier cette tâche à l'administration ministérielle. Il a également insisté sur le partage des risques entre les banques, l'Etat et les opérateurs pour éviter de retomber dans les travers des «portefeuilles non performants». Pour sauver les entreprises, «il faudrait une politique volontariste, une solidarité dans la prise de décision et un partage des risques». M.Amer Yahia, ex-directeur de la restructuration et consultant au ministère de l'Industrie, dira à la presse qu'il «y a une conjoncture favorable pour les banques» et d'ajouter: «Cette journée est une action de rapprochement entre les banques et les entreprises (...) les banques ont tout intérêt à accompagner les dossiers fiables.» Quant à M.Daoudi Ammar, P-DG de la BDL, il dira: «La banque est une entreprise commerciale. Elle ne doit faire que des crédits sains pour des projets rentables.» Signalons enfin que cette journée à laquelle sont associés l'Inped et l'Onudi a permis aux participants d'entendre les expériences italienne, tunisienne et française dans le domaine de la mise à niveau.