La ministre déléguée a indiqué que le dossier de la BDL devra être soumis très prochainement au CPE. Nouveau souffle pour le secteur bancaire. Une reconfiguration totale du circuit sera opérée. Ce secteur sera doté d'un pôle bancaire public fort. Son rôle est d'accompagner et de soutenir les banques publiques pour faire face à la concurrence des opérateurs privés. C'est ce qu'a annoncé la ministre déléguée chargée de la Réforme financière, Mme Fatiha Mentouri, dans un entretien accordé à l'Agence algérienne de presse (APS). Cette décision a été validée par le Conseil de gouvernement. Le but de ce pôle, explique-t-elle, est de réunir les conditions d'émergence de «champions nationaux» aptes à affronter les défis posés par l'ouverture du marché bancaire public au secteur privé et à la mondialisation. «Il est urgent de constituer des groupes bancaires publics performants», a martelé la ministre déléguée. La décision du gouvernement traduit sa crainte quant à l'avenir des banques publiques. Devant le déploiement du secteur privé, le gouvernement s'inquiète du sort des entités publiques. Une autre nouveauté que connaîtra le secteur, c'est la mise en place d'une banque d'investissement. Les missions de cette banque, clarifie la ministre, seraient de financer l'investissement à travers l'octroi de crédits à moyen et long termes et la prise de participation dans le capital des entreprises en vue de leur redressement et, le cas échéant, de leur préparation à l'entrée en Bourse. L'autre mission de cette banque consisterait aussi à apporter des services de conseil et d'ingénierie financière aux entreprises. Le capital de cette banque serait à caractère mixte et ouvert à la participation d'institutions spécialisées. Expliquant le pourquoi d'une telle institution, Mme Mentouri a fait savoir que dans un contexte de transition, «l'Etat doit conserver un rôle d'impulsion de la politique économique». En conséquence, il doit disposer d'un instrument de pilotage. Cet instrument, ajoute-t-elle, «c'est la banque qui n'est pas publique mais dans laquelle l'Etat a une part conséquente». Mme Mentouri a affirmé que nombre d'entreprises, publiques ou privées, «ont un potentiel de développement donc porteuses de croissance à terme et sont les vecteurs de la stratégie industrielle. Mais étant pour la plupart déstructurées, elles ont besoin d'investissements lourds». Etant donné que le secteur bancaire est le moteur du développement économique, le gouvernement veut, semble-t-il, en finir avec le casse-tête du système financier. Lancée depuis quelques années, la réforme financière n'arrive même à voir le bout du tunnel. C'est pourquoi, le gouvernement a pressé les responsables chargés du dossier d'accélérer la cadence. Ce programme de réforme financière prévoit également le développement et la sécurisation totale du système de paiements de masse, la généralisation du chèque sécurisé et l'intégration des autres moyens. Quant au développement du marché hypothécaire où le crédit immobilier représente actuellement un peu plus de 1% du PIB, l'objectif est d'atteindre le taux de 4% à fin 2009, promet Mme Mentouri. Revenant sur la question de la privatisation, la ministre déléguée a indiqué que le dossier de la BDL devra être soumis très prochainement au CPE (Conseil des participations de l'Etat). L'ouverture de son capital a été limité à 30% avec cession du management au repreneur de cette banque. Pour ce qui est du CPA, Mme Mentouri n'a avancé aucune échéance précise. «Une fois les comptes des banques préqualifiées publiés, nous aurons une idée précise sur l'impact de la crise des "subprimes", sur la situation financière de ces banques et sur leur stratégie de développement en Algérie», a-t-elle précisé. C'est à partir de là, ajoute-t-elle, que la nouvelle démarche sera déterminée. Cependant, la ministre a laissé entendre que si les autorités financières algériennes décident avant juillet 2008 de relancer la privatisation du CPA, le processus sera repris à son stade d'arrêt, soit en novembre 2007. Mais dans le cas où la décision de relancer la privatisation serait décidée après juillet prochain, le processus de privatisation serait alors repris à son début.