«Il est extrêmement difficile d'établir le lien entre les pannes techniques auxquelles la presse a fait allusion.» Un cadre au niveau d'Air Algérie s'est montré très critique quant aux rapports de la presse. «Laissons le soin aux spécialistes de se prononcer sur les raisons de ce tragique accident. A notre niveau, nous attendons les résultats de l'enquête qui suit son cours. Avant cette date nous ne pourrons faire aucun commentaire.» Techniquement, notre interlocuteur précise que le Boeing 737-200 n'aurait jamais décollé, si on avait détecté une panne au niveau de l'appareil. «Je ne comprends pas qu'on ait pu propager de telles informations, c'est insensé», précise-t-il. Se prononçant sur la polémique autour de l'âge de l'appareil, qui date de 1984, il fera cette remarque: «Il y a des avions qui naviguent depuis quarante ans. Les connaisseurs dans le domaine de l'aéronautique savent mieux que personne que c'est la maintenance qui fait la différence.» La colère des membres d'équipage de cette compagnie aérienne, ayant, rappelons-le, stigmatisé le fait que les responsables d'Air Algérie n'aient pas pris au sérieux leur mise en garde, serait motivée par «le choc dû à la perte de leurs collègues». «Il est important que tous les citoyens sachent qu'au niveau de notre compagnie, tous les appareils sont soigneusement contrôlés. Aucune défaillance n'est tolérée. Cela se fait aussi sous le contrôle rigoureux des compagnies d'assurance.» Pour sa part, M.Baâlé, président du Syndicat national des pilotes, s'est montré peu prolixe sur cette question. «Attendons les résultats de l'enquête», nous a-t-il déclaré hier. Et d'expliquer que «l'avion n'a connu aucun problème technique avant le décollage». Pourtant, selon le fils de Sid Ahmed Raïssi, le chef de cabine du 737-200, ce dernier l'avait appelé jeudi matin pour l'informer que l'avion aurait du retard pour cause d'une panne technique. «Ce n'était qu'un petit détail technique qu'il fallait régler et cela a été vite fait», a répondu M.Baâlé, qui dément aussi l'information selon laquelle l'avion avait eu trois pannes techniques depuis son décollage d'Alger. M.Ahmed Khilès semblait, hier, dépassé par les événements. «Je ne sais pas, c'est pratiquement l'ultime formule qu'il a adoptée pour répondre aux interrogations des journalistes.» Hier, les familles des victimes ont menacé de saccager le salon d'honneur, si les dépouilles de leurs proches ne sont pas rapatriées avant 14h. «Il n'y a personne pour nous informer sur l'heure de l'arrivée des corps», précise ce sexagénaire ayant perdu son fils. Chez ces familles meurtries par la douleur, la consternation était à son comble. «Comment expliquer qu'on puisse identifier les six membres d'équipage, ainsi que les Français. Et nos enfants alors, ce ne sont pas des êtres humains comme les autres?» Un cadre d'Air Algérie répond qu'«il s'agit d'un pur hasard, ce sont les premiers corps qu'on a pu identifier». D'un autre côté, il a imputé le retard dans l'acheminement des corps à la lourdeur du dispositif administratif. «Notre avion est cloué au sol, depuis hier, à Tamanrasset.» 13h 30, un représentant d'Air Algérie annonce que «l'avion d'Air Algérie est sur le point de décoller avec à son bord 12 corps». L'appareil devait atterrir à l'aéroport Houari-Boumediene à 20h, après deux escales à Ghardaïa et Ouargla, sans plus de détail. Une heure auparavant, le wali de Tamanrasset annonçait qu'il ne restait que cinq corps à identifier sur les 102 victimes. Rappelons, enfin, que le Chef du gouvernement a demandé aux autorités locales de faire tout ce qui est possible pour que «les corps soient acheminés, aujourd'hui à Alger et Ghardaïa». A noter que jusqu'à hier, seulement 56 corps avaient été rapatriés dans leur ville d'origine.