Au sein de l'opinion locale, l'heure est à l'appréhension. La Coordination intercommunale de Béjaïa compte réinvestir le terrain par l'organisation d'une marche aujourd'hui au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Cette action, qui coïncide avec le 21e anniversaire des événements qui ont secoué la ville de Béjaïa en 1981, a été décidée lors du conclave tenu à Akfadou. Elle sera appuyée par une grève générale à travers toutes les localités de la wilaya. Les intenses préparatifs, qui ont été constatés ces derniers jours, dénotent la ferme détermination des délégués communaux à tenir cette manifestation qui entre dans le cadre du rejet des élections, mais aussi à exiger «la libération des détenus et la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur». Au sein de l'opinion locale, l'heure est à l'appréhension. On s'interroge essentiellement sur ce que réserveront les pouvoirs publics à l'action de la CICB. Après avoir procédé à l'interpellation de quatre délégués lors du dernier sit-in devant le tribunal (le 12 mai) et empêché la marche populaire jeudi à Souk El-Thenine, les autorités vont-elles agir de la même façon pour la manifestation d'aujourd'hui? Tout porte à le croire eu égard au renfort dépêché ces derniers jours dans la wilaya, ont témoigné certains citoyens qui ont remarqué de nombreux déplacements d'unités CNS. L'éventuel empêchement engendrera vraisemblablement des scènes de violence qui empoisonnent certaines localités depuis quelques jours déjà. C'est le cas, notamment, à Souk El-Thenine et à El-Kseur. Rappelons également que, hormis la marche de célébration du 22e anniversaire du Printemps amazigh, qui a été tolérée, toutes les autres manifestations au chef-lieu de wilaya ont été interdites. Les services de sécurité dressent, à chaque fois, des barrages filtrants aux portes de la ville empêchant par là toute personne suspectée de participer à la marche. La manifestation d'aujourd'hui intervient aussi dans une conjoncture de campagne électorale. Partant de ce constat, nombreux sont les observateurs qui tablent sur un empêchement. Par ailleurs, la ville de Tazmalt a vécu, hier, au rythme d'une marche populaire. Plusieurs dizaines de personnes ont répondu à l'appel de la section locale du FFS qui a initié cette action sous le slogan: «Non à l'assassinat de l'Algérie», en lui assignant trois principaux mots d'ordre: «Dénoncer le lâche et ignoble acte» ayant endeuillé la localité, «soutenir les familles des victimes de la tragédie et exiger une commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur ce massacre et en connaître les auteurs et les commanditaires». La marche, qui a été appuyée par une grève générale largement suivie, s'est ébranlée à 10h de la place des Martyrs jusqu'au lieu de l'attentat où une gerbe de fleurs a été déposée. Une prise de parole a également été faite lieu au cours de laquelle les organisateurs se sont félicités de la réussite de l'événement et ont salué la mobilisation citoyenne. Les orateurs, dont Khaled Tazaghart, membre de l'exécutif national du FFS, ont insisté sur le maintien de la mobilisation en permanence et pour que les citoyens s'expriment davantage sur la situation que tous ont qualifiée de «bloquée». On s'est surtout interrogé sur certains éléments qui ont fait qu'un attentat à l'explosif soit organisé avec autant de facilité. On citera l'absence de contrôle, de barrages de la police... Les participants se sont ensuite dispersés dans le calme.