«La personne de Abdelmoumène ne nous intéresse pas. C'est tout le rêve des jeunes qui va s'effondrer.» Un appel pour la création d'un comité national pour la sauvegarde de l'entreprise Khalifa a été lancé, hier, à Alger, par trois organisations nationales : la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc), la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) et l'Union nationale des enfants de chouhada libres (Unecl). Lors d'une conférence de presse qu'ils ont animée conjointement au siège de la Ccfc, les présidents de ces trois organisations ont souligné que leur démarche est mue par le souci d'empêcher que le Groupe Khalifa ne s'effondre. «La personne de Abdelmoumène (Khalifa, P-DG du groupe, Ndlr) ne nous intéresse pas. C'est tout le rêve des jeunes qui va s'effondrer», a tenu à préciser M.Karim Mahmoudi, président de la Ccfc. Dans la foulée, M.Mahmoudi avertira que «si le Groupe Khalifa tombe, il y aura une crise à la péruvienne.» Il rappellera, pour étayer ses propos, que la chute de Khalifa va avoir des répercussions directes sur les 16400 employés déclarés à la Cnas et sur les 1950 à 2000 autres en cours de régularisation. Idem pour les nombreuses régions du pays désenclavées grâce aux dessertes de Khalifa Airways. Plus grave encore, M.Mahmoudi dira que la faillite de Khalifa signifie «plus de remboursement de frais médicaux et plus de pensions de retraite», au motif que l'argent de la Cnas et de la CNR est déposé chez El Khalifa Bank. L'orateur reconnaîtra tout de même que les dirigeants de Khalifa ont «commis des bêtises», citant le cas du paiement des créances dues aux fournisseurs d'avions sans passer par la commission ministérielle du transport aérien. «Mais la Banque d'Algérie savait et elle a privilégié cette forme pour ne pas mettre en difficulté la compagnie vis-à-vis de ses fournisseurs.» Aujourd'hui, Khalifa Airways a perdu 14 avions et les 300 pilotes et stewards envoyés en formation dans les prestigieuses écoles mondiales «ont été renvoyés chez eux comme des malfrats», ajoutera M.Mahmoudi. Le président de la Ccfc a déclaré que la presse est désinformée. Faisant la distinction entre les journalistes et les patrons de journaux, il dira: «Si cette entreprise perd des plumes aujourd'hui, une bonne part de responsabilité incombe à notre administration.»M.Hassani a défendu la mémoire du défunt Hama Laroussi, le père de Abdelmoumène en s'emportant contre les propos tels que «fils de bandit», dont le président du Groupe a fait l'objet. De son côté, M.Bensaïd de l'Unecl a lié la cabale dont fait l'objet Khalifa au lobby français hostile à l'indépendance de l'Algérie. Lui emboîtant le pas, Mahmoudi dira que «la campagne anti-Khalifa a débuté en France avant qu'elle ne trouve un relais en Algérie». Concernant l'appel à un comité national pour la sauvegarde de Khalifa, les conférenciers ont indiqué qu'il est destiné «aux travailleurs, aux journalistes, aux juristes et à tous les Algériens». Parmi les premières actions envisagées, il est question de saisir la Banque d'Algérie et le Chef du gouvernement pour connaître la vérité. Pour éclairer notre lanterne, B.M., ancien conseiller général de Khalifa, recontré en marge de cette conférence, a plaidé, hier, pour la «réhabilitation de la confiance en la banque El Khalifa». Pour B. M., «il faut des banquiers honnêtes qui aiment leur travail et l'Algérie». Concernant El Khalifa Bank, il s'est interrogé: «Pourquoi créer 130 agences?» D'autant que chacune «fait perdre à la banque 10 millions de dinars». De plus, la compagnie Khalifa Airways, qui risque de perdre tous ses appareils, aurait évité ces déboires en gardant à sa tête M.Chakib Belaïli, un ancien d'Air Algérie. «Abdelmoumène est un type bien qui s'est entouré de personnes n'ayant aucun sens de l'honnêteté et sans compétences aucunes», a conclu B. M.
