Cette manne financière astronomique serait exclusivement gérée par les «rentiers de l'Ugta». Selon le secrétaire général du Snapap, par la force des choses, «la gestion des fonds des oeuvres sociales, une manne financière estimée à 1000 milliards de centimes, est entre les mains des rentiers de l'Ugta». Selon Rachid Malaoui, aucun membre des syndicats autonomes, pourtant représentants, eux aussi, des travailleurs, ne peut prendre part à cette gestion, ni même disposer d'un droit de regard sur celle-ci. Notre invité, qui affirme être responsable de ses propos, va jusqu'à accuser la plupart de ces syndicalistes «d'abus de biens sociaux» et de «mauvaise gestion» si bien que cette inestimable manne financière «ne profite presque pas aux travailleurs, du moins à ceux qui en ont réellement besoin». Conscient, semble-t-il, de la délicatesse liée à des sujets concernant l'argent, Malaoui demande que «la gestion des Mutuelles et des caisses sociales soit placée entre les mains d'instances indépendantes, compétentes et transparentes». Si un pareil voeu, estime le secrétaire général du Snapap, venait à voir le jour, «nous n'aurions même pas besoin d'exiger des augmentations de salaires». Selon lui, en effet, «le travailleur ne demande pas grand-chose. Des primes régulières pour l'achat du mouton, des vêtements de l'Aïd, des affaires scolaires et pour passer une semaine ou deux de vacances lui suffisent amplement. Or, la manne financière entre les mains des cadres de l'Ugta suffit largement à assurer tout cela». Ce sujet, qui a maintes fois défrayé la chronique, est étroitement lié à celui du pluralisme syndical. Celui-ci, explique Rachid Malaoui, est «consacré par la législation depuis plus d'une dizaine d'années». Or, si «sur le plan pratique, il existe de nombreux syndicats autonomes représentatifs, le pouvoir refuse toujours d'admettre ce fait, préférant toujours ne traiter qu'avec un seul syndicat, l'Ugta en l'occurrence». Notre invité demeure, en revanche, convaincu que «cet acquis, qui reste à parfaire, n'a pas été obtenu par une révolution des travailleurs, mais à la suite des événements d'octobre». Aussi, «les travailleurs sont-ils tenus d'assumer leur rôle historique en redoublant d'efforts pour imposer le pluralisme syndical aux pouvoirs publics, et même à l'Ugta dont la puissance dépasse bien souvent celle d'un simple chef de gouvernement grâce aux appuis hauts placés dont elle dispose depuis toujours». Rachid Malaoui explique «la faiblesse, toute relative des syndicats autonomes par les pressions exercées sur les travailleurs de la part de nombreux hauts responsables, aidés en cela par des cadres de l'Ugta». Beaucoup de travailleurs, sous l'effet de ces pressions et sanctions, préfèrent se retirer tout simplement en attendant des jours meilleurs. Le Snapap, pour sa part, s'en réfère aux instances internationales, tels le Bureau international du travail (Bit) qui ne cesse de condamner notre pays, de relever les entraves imposées aux syndicats autonomes et d'exhorter les pouvoirs publics à mettre en pratique, de manière effective, le pluralisme syndical.