Le syndicat est «outré» par la position «pour le moins irresponsable» de l'Exécutif. «Parce que le gouvernement continue à négliger les partenaires sociaux, parce qu'il n'a donné aucune suite à nos revendications soulevées dans la plate-forme du 17 février et traduites par la grève des deux jours, enfin parce que nous dénonçons les menaces et les intimidations policières, l'Ugta appelle les travailleurs à se préparer à l'éventualité d'une deuxième grève générale.» C'est en substance ce que contient la déclaration de la Centrale syndicale, ayant sanctionné la réunion des fédérations économiques, tenue hier, à la Maison du peuple, apparemment très contrariée par la position «pour le moins irresponsable», de l'Exécutif. «Si le gouvernement cherche la confrontation, nous sommes là, s'il veut le dialogue nous sommes toujours disponibles à nous rencon-trer.» Et au syndicat de hausser le ton en promettant une opération d'envergure; si le gouvernement persiste dans «son bricolage économique». Une opération «plus importante que celle entamée les 25 et 26 février derniers». A retenir par cette déclaration que le secteur des hydrocarbures ne sera pas épargnée. «Notre mouvement de protestation sera plus long dans la durée et touchera tous les secteurs économiques.» L'Ugta a fini par comprendre, vraisemblablement, que les mouvements de grève n'aboutiront à rien s'ils ne paralysent pas Hassi Messaoud et Hassi R'mel. M.Badreddine a encore stigmatisé la duplicité de l'Exécutif. «Il est connu que chaque pays a un gouvernement, mais chez nous chaque ministre est un gouvernement», c'est ainsi qu'a résumé M.Badreddine, SN chargé des affaires économiques à l'Ugta «l'absence d'homogénéité» au sein du gouvernement. «Faisons la part des choses, précise ce dernier, M.Benflis est un homme de dialogue, le problème réside principalement au niveau des ministres de la Participation et de l'Energie.» Abondant dans le même sens, le représentant de la fédération de pétrochimie M.Berrouane, évoque «l'indiscipline au sein du gouvernement», s'interrogeant, par là même, sur les raisons motivant le refus de M.Chakib Khelil, pourtant instruit par le premier magistrat du pays, d'annoncer officiellement le retrait de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. «II s'agit soit d'un manque de discipline soit, ce qui est plus grave, d'une manigance.» L'orateur n'en dira pas plus. A ceux ayant accusé l'Ugta de mener une grève politique, il répond: «Nous avons lancé une grève contre une politique économique, ou plutôt contre le bricolage et les réformettes.» Et d'ajouter: «Nous allons faire barrage à ceux qui veulent prendre le pays en otage. Cette bataille nous la mènerons ensemble.» Prenant la parole, le SG de la fédération des matériaux de construction s'est dit outré par les intimidations dont font l'objet les responsables des cimenteries, afin d'accélérer le processus de privatisation. «Il faut que l'opinion publique sache que les services de sécurité sont intervenus aux cimenteries de Zehana et de Meftah pour permettre aux repreneurs d'inspecter les sites. C'est scandaleux!», s'insurge t-il. Selon ses déclarations, le gouvernement, dans le but de freiner la production des cimenteries, a refusé l'achat de nouveau équipement. Cette situation a engendré une hémorragie parmi les travailleurs des cimenteries publiques vers celle de M'sila appartenant au groupe égyptien Orascom. Le représentant de l'Ugta rassure les travailleurs du secteur: «N'ayez peur de personne. Nous défendrons les cimenteries jusqu'au bout.» Notons enfin que M.Djenouhate a déclaré, en marge de cette rencontre, que M.Sidi Saïd a remis un dossier contenant les principales revendications au Chef du gouvernement «qui a montré sa disponibilité au dialogue». Un discours qui ne semble pas convaincre le partenaire social. C'est du moins ce que dénote l'option de la deuxième grève générale.