L'enquête peut durer des années et l'avion ne présentait aucune anomalie technique avant le décollage. «Le Boeing 737-200 qui s'est écrasé à Tamanrasset répondait parfaitement aux normes de navigabilité internationale, pour preuve, il a effectué deux vols internationaux quelques jours avant l'accident». C'est ce qu'a affirmé, hier, M.Affane, président de la commission nationale d'enquête, installée le jour-même de la catastrophe aérienne, et ce, devant les familles des victimes, invitées à l'hôtel Mercure pour «être informées sur le développement de l'enquête». Quelle est donc l'origine du crash? Pourquoi a-t-on retardé de trois heures le vol en question? Comment expliquer le fait que des membres d'équipage avaient averti leurs proches qu'une panne était signalée au niveau de l'appareil? Autant de questions qui ont intrigué les familles, venues d'Alger et d'autres wilayas. M.Affane a tenu à affirmer, de prime abord, qu'«aucune panne technique n'a été enregistrée avant le décollage de l'avion de l'aérodrome de Tamanrasset, mais aussi de celui de Ghardaïa». En revanche, ajoute-t-il, il a été procédé au niveau de l'aéroport d'Alger au remplacement de la pompe hydraulique. Laquelle ne pouvait provoquer un tel accident. L'origine du crash serait une défaillance enregistrée au niveau du réacteur gauche de l'appareil, son origine est pour le moment inconnue. «Ce qui est sûr, c'est que l'accident n'est pas dû à un corps étranger». Le deuxième problème qui a précipité le crash c'est «l'arrêt du réacteur droit». Objectivement avec ces deux pannes, les membres d'équipage n'avaient aucune chance d'éviter la catastrophe. Par ailleurs, un membre de la commission nous a précisé que «le feu qui a pris dans l'appareil n'avait pas pour origine les deux réacteurs». Notons que le Boeing 737-200 peut continuer à voler avec un seul réacteur. Pour approfondir les recherches, certaines parties des réacteurs ont été transférées vers des laboratoires français. Le président de la commission d'enquête a précisé que toutes les phases ayant précédé le décollage ont été effectuées le plus normalement du monde. Cependant, cinq secondes après la rotation de l'avion, il a été entendu un bruit sec. Dix secondes avant la fin de l'enregistrement, un membre de l'équipage avait signalé à la tour de contrôle: «Nous avons un petit problème», «mais l'équipage ne semblait pas connaître l'origine de ce problème», précise-t-il. Les familles des victimes recevront durant le mois de juillet prochain un rapport dans lequel seront portés les premiers éléments de l'enquête à laquelle sont associés des organismes étrangers comme Le Mtsp, bureau d'enquête américain des accidents aériens, l'Aviation civile américaine (FAA), et le Bureau français des enquêtes administratives qui a précisé, à travers son représentant, M.Arslanian, que «tous (ses) moyens seront mis à la disposition des Algériens pour élucider ce crash». Et d'affirmer qu'«il faudra du temps pour aller jusqu'au bout» emboîtant le pas à ses homologues algériens ayant averti que l'enquête pourrait durer un ou deux ans. «L'enquête nécessite du temps et une qualification, et personne ne pourra se hasarder sur des hypothèses», précise M.Affane. Les familles des victimes, profondément touchées par la perte de leurs proches, ont été déçues par cette rencon-tre. «Vous ne nous avez rien appris», lance une dame. C'est l'avis de la majorité qui a fait ce déplacement dans l'espoir de s'informer des raisons du crash survenu le 6 mars dernier. Certaines estiment que la commission cache bien des vérités aux citoyens. «Selon des témoins oculaires, les pompiers ne sont intervenus que 20 minutes après l'incendie, des vies humaines auraient pu être sauvées si la mobilisation avait été plus rapide», précise le frère de Raïssi, commandant de bord du Boeing 737-200. Un membre de la commission intervient pour démentir cette information: «Faux. Les agents étaient sur place 4 minutes après le crash», affirme-t-il et d'ajouter: «Nous n'avons aucune raison de cacher la vérité.» Sur le chapitre des indemnisations, M.Bennouis, P-DG d'Air Algérie, a expliqué que concernant les passagers, une avance de 120 millions de centimes a été octroyée aux ayants droit. 74 dossiers ont été définitivement réglés, 10 sont en voie d'étude. Par ailleurs, quatre familles n'ont pas encore entamé les procédures nécessaires. Quant aux membre de l'équipage, seul le dossier du copilote Raïssi reste en suspens. La soeur de la défunte a stigmatisé «la ségrégation faite par la législation entre le personnel navigant et les passagers».