Trois mots devraient résumer la nature du parti du FLN tel qu'il a évolué ces deniers mois sous la férule de son secrétaire général. Ces mots sont modernité, démocratie, progrès ! Des mots que n'a cessé de rappeler, voire parfois même de scander, M.Ali Benflis qui, rappelons-le, de membre du bureau politique jadis, avait été opportunément appelé à la rescousse du parti pour le redynamiser, lui redonner une âme. Sans rien renier, qu'on le veuille ou non, du passé glorieux et édificateur du FLN, Ali Benflis s'est aussitôt attelé à la tâche avec la patience qu'on lui connaît sans cependant, jamais préjuger des personnes de leur valeur intrinsèque, de leurs capacités à se mettre de nouveau au service du parti avec plus d'enthousiasme qu'auparavant, le moment venu et de donner le meilleur d'eux-mêmes. Ayant quasi miraculeusement franchi le souffle mutilant des secousses «revanchardes» du 5 Octobre 1988 durant lesquelles le FLN avait été «livré» à la vindicte populaire «comme responsable principal» des déboires économiques de l'Algérie et de sa «déconsidération» dans le monde, il n'était pas acquis d'avance, loin s'en faut, que cette même formation, après l'opprobre et les anathèmes successifs qui lui furent infligés, ait pu, à la façon des sportifs de haut niveau, opérer un rétablissement qui aura pour conséquence de désarçonner les plus perspicaces de nos observateurs. Ce miracle, rappelons-le, a eu quand même lieu sans le recours à un quelconque thaumaturge. Un homme a su redonner confiance aux militants qui, malgré une crise qui dure depuis plus de dix ans, sont restés à leurs postes pour protéger les structures du FLN, souvent au péril de leur vie. Il y a trois ou quatre ans le parti, dirigé encore de manière empirique, ployait toujours sous le poids des compromissions de Sant'Edigio, une aventure animée par des apprentis sorciers, qui aurait pu conduire l'Algérie au chaos. L'élection présidentielle de 1999 vint entre temps. C'est à cette occasion qu'un juriste qui avait, par ailleurs, montré ses capacités en s'attaquant aux premières réformes de la justice, va émerger du lot. Juriste émérite qui, dans sa carrière, avait touché aussi bien au bâtonnat qu'au ministère public, comme avocat, ensuite comme procureur, cet homme, simple et profondément charismatique malgré la sévérité apparente du visage a, qu'on le veuille ou non, apporté tout son savoir-faire en s'engageant physiquement et intellectuellement à l'élection présidentielle de 1999 qui a permis à Abdelaziz Bouteflika de décrocher le sceptre du pouvoir suprême. L'élection présidentielle de 1999 marque justement un tournant pour Ali Benflis, mais aussi pour le FLN. Pour nombre d'observateurs, le FLN était alors sur le point d'en finir avec les anathèmes d'octobre 1988. Un mauvais procès au destin incertain. Conséquence, un regain de discernement s'est imposé dans ses rangs. Ayant enfin compris que l'avenir appartiendrait aux partisans de la modernité, du progrès et de la démocratie, le dernier des secrétaires généraux en poste au FLN, en l'occurrence Boualem Benhamouda, empiétant sur les réserves entretenues par les caciques depuis des décennies pour perdurer et empêcher l'emprunt d'un autre chemin de succès, propose Ali Benflis comme secrétaire général. Et ça a marché. Aujourd'hui au zénith, ce dernier n'a qu'un chose en tête: réussir le 8e congrès. Un point sur lequel les dernières enquêtes que nous avons menées au sein du parti, concordent, est le suivant: Ali Benflis qui depuis bientôt deux ans, s'est engagé corps et âme pour redonner du nerf, mais aussi une âme moderne au FLN, en dépit d'une opposition minoritaire active en son sein qui ne dispose plus de marge de manoeuvre, est sans conteste, l'homme politique avec lequel il faudra compter encore longtemps.