Combien de fois, des propositions de lois et autres questions orales ont été mises sous le coude ? Le feuilleton des commissions «étouffoir» se poursuit à la chambre basse du parlement. Quelques semaines après l'élection du 8 avril dernier, les observateurs de la scène politique s'interrogent sur le sort réservé aux commissions d'enquête installées pour faire la lumière sur un certain nombre de dossiers, dont celui ayant trait à la gestion des deniers publics, à l'agrément du Cnapest et à l'immunité parlementaire. Ainsi, pas moins de quatre commissions d'enquête parlementaires ont été mises en place par les députés le mois de mars dernier, sans que leurs initiateurs soient informés de l'état d'avancement de ces investigations. Pour rappel, ces commissions ont été l'oeuvre de deux formations politiques, en l'occurrence le MRN d'Abdallah Djaballah et le FLN (légaliste) d'Ali Benflis, ex-secrétaire général du parti. Les deux commissions instituées par le MRN devaient se pencher pour l'une d'elles sur le dossier de l'agrément du Cnapest, ce syndicat à l'influence avérée dans le milieu de l'éducation, et pour l'autre, sur les dépassements des walis et présidents d'APC. Pour celles mises sur pied sur proposition du FLN, elles ont trait à la gestion financière des deniers publics et à la violation de l'immunité parlementaire. Qu'en est-il aujourd'hui de ces quatre commissions ? Force est de constater, d'emblée, qu'à l'exception de celle se rapportant au dossier du Cnapest, les trois autres sont frappées de caducité. Pour quelle raison ? «Faute d'environnement politique favorable pour l'aboutissement de leurs objectifs tracés initialement», s'accorde-t-on à dire du côté des deux partis politiques à qui revient le mérite de leur création. «Les deux commissions d'enquête parlementaires mises sur pied à la demande du FLN, peu avant la récente présidentielle, ont, certes, obtenu le feu vert des membres de l'APN pour agir, sauf qu'aujourd'hui, elles ne figurent pas à l'ordre du jour de l'actualité politique du parti», nous a indiqué, hier, M.Si Youcef Mahmoud, membre du comité central du FLN. La priorité du moment pour le vieux parti est accordée «aux préparatifs du 8e congrès réunificateur» a-t-il ajouté. Un revirement de situation dicté par la nouvelle donne politique, après, notamment la réélection de M.Abdelaziz Bouteflika. L'objectif étant de ne pas gêner l'action du gouvernement en laissant «traîner» des dossiers d'une telle délicatesse. D'autant plus que l'échéance de la tenue du congrès du mouvement de redressement du FLN recommande davantage de cohérence au sein du groupe parlementaire du FLN. La tenue de ce congrès, annoncée pour le mois prochain, devrait aboutir à un compromis entre les «redresseurs» du FLN et les «légalistes» des (ex-) Benflis. D'ailleurs, lors de la réunion, vendredi dernier, du CC du FLN, aucun mot n'a été dit sur la suite à donner aux dites commissions, apprend-on encore de notre interlocuteur. Il est donc clair, à propos des deux commissions parlementaires du FLN, aujourd'hui remises aux calendes grecques et définitivement enterrées, qu'il est question ni plus ni moins que d'un simple exercice démocratique mu par des enjeux du moment. Même topo pour ce qui est de la commission d'enquête sur les dépassements des walis et présidents d'APC, sur proposition du mouvement El Islah. Néanmoins, le groupe parlementaire de la formation d'Abdallah Djaballah n'a pas lâché prise quant à la nécessité d'agréer le syndicat des enseignants du secondaire et technique, Cnapest. Et cela bien sûr à travers le travail de la commission installée pour cet objectif et que préside M. Miloud Kadri, porte-parole du groupe parlementaire MRN. De sources fiables, on apprend que M. Kadri tente, à travers une série de contacts au sein de l'hemicycle Zirout Youcef, de réunir autour de la même table de négociations les représentants du ministère du Travail, de l'Education et les responsables du syndicat Cnapest au début de ce mois de juin. Il est donc clair que l'APN ne cessera jamais d'être cette chambre d'enregistrement tant décriée. Combien de fois des propositions de lois et autres questions orales sont mises sous le coude pour la simple raison qu'elles ne cadrent pas avec l'ordre établi? Jusqu'à quand s'entêtera-t-on à gérer les institutions de l'Etat censées refléter la volonté populaire en fonction des humeurs et des intérêts politiciens bassement étroits?