Quoique débordé par la crise irakienne, le président américain trouvera néanmoins le temps de s'occuper du Proche-Orient, alors que la diplomatie américaine est totalement isolée au Conseil de sécurité sur la guerre programmée par les Etats-Unis contre l'Irak. Ainsi, le président Bush a évoqué, vendredi, la publication prochaine, dès l'entrée en fonction d'un Premier ministre palestinien, doté de «pouvoirs réels» de la feuille de route, gardée sous le coude par la Maison-Blanche. Il semble, d'ores et déjà, que George W.Bush se soit mis dans la peau du gestionnaire des affaires du monde, un oeil sur la préparation de la guerre contre l'Irak, un autre pour donner un dernier coup de pouce au dossier palestinien, qui traîne pourtant, depuis plus d'un demi-siècle. Cette soudaine sollicitude, quant à l'affaire palestinienne, du leader mondial est, à tout le moins, suspecte d'autant qu'il donne l'impression de partager avec Israël le rôle de mettre au pas les derniers trublions que sont les résistants palestiniens. Ainsi, au moment où, dans l'impunité totale, et sous le couvert du mutisme de la communauté internationale, l'armée d'occupation israélienne met au pas, au plan militaire, la résistance palestinienne, par l'assassinat de ses dirigeants, par la démolition des habitations des militants palestiniens, par la destruction des infrastructures de l'Autorité palestinienne, au plan diplomatique, Washington se charge de faire passer la pilule qui s'appelle «feuille de route» et dont l'ambition reste d'enjoindre aux Palestiniens de s'incliner face au nouvel ordre israélo-américain au Moyen-Orient. Car, la feuille de route, pourquoi maintenant, alors qu'elle est bloquée depuis des mois par les autorités israéliennes. Qui en refusait la publication? Comme un effet d'annonce, elle est évoquée publiquement par le président Bush, seulement après que les Israéliens en eurent eu la primeur, en étant les premiers informés du contenu du discours du président Bush. La satisfaction israélienne se comprend aisément, M.Bush allant au-delà de leurs attentes précédant même leurs voeux. George W.Bush, dans sa déclaration de vendredi, de même que les Israéliens, continue d'évoquer la situation au Proche-Orient en termes de terrorisme. Ce qui fausse à tout le moins la compréhension des enjeux qui sont en cours. Comment peut-on parler de la sécurité d'Israël, lorsque ce dernier occupe depuis 36 ans les territoires palestiniens ne faisant pas cas des résolutions 242 (1967) 338 (1973) exigeant le retrait israélien des territoires occupés. M.Bush n'a même pas fait l'effort d'invoquer, en passant, la nécessité pour Israël de se redéployer hors des territoires palestiniens, accréditant par là le fait accompli israélien. Ce n'est pas la nomination d'un Premier ministre palestinien, dont Israël et les Etats-Unis attendent de lui, uniquement, qu'il musèle la résistance palestinienne qui va résoudre le problème de fond palestinien. D'autant qu'il ne fait aucun doute que le président Bush, lorsqu'il parle de l'Etat palestinien a, à l'évidence, à l'esprit, le concept que s'en fait le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, selon lequel les Palestiniens n'ont besoin que de bantoustans solidement cadenassés par l'armée et les services de sécurité israéliens. Au Proche-Orient, rien de nouveau !