Bagdad a beau accepter le retour des inspecteurs de l'ONU sans condition, rien n'y fait. Les USA veulent la guerre. Que cherchent enfin à prouver les Etats-Unis qui s'entêtent à vouloir coûte que coûte opérer contre l'Irak une attaque, que rien aujourd'hui ne justifie. Sous quel prétexte Washington veut-il engager le monde dans l'aventure? Aucun lien n'a été trouvé quant à une éventuelle implication du régime irakien dans le terrorisme international, fait que les services de sécurité américains eux-mêmes reconnaissent sans ambages. Bagdad se serait doté d'un armement de destruction massive, ou aurait reconstitué celui existant avant la guerre du Golfe? Là aussi rien d'évident n' a été mis à jour, n'étaient des suspicions qu'aucun fait nouveau n'est venu corroborer. Changer le régime du président Saddam Hussein? En quelle vertu les Etats-Unis d'Amérique s'arrogent-ils ainsi le droit de changer ou de remplacer un gouvernement étranger? En fait, à la question de savoir pourquoi Washington veut la guerre en Irak, seules d'autres questions s'intercalent n'apportant ni réponses ni clarifications. Alors que le régime irakien a accepté le retour sans condition des inspecteurs en désarmement de l'ONU, pourquoi cet empressement américain à ne pas en tenir compte et, à tout le moins donner à ces experts le temps d'aller à Bagdad et aux Irakiens d'y faire faux-bond. L'impatience de Washington à porter la guerre contre l'Irak n'est en rien innocente, ou obéit à des motivations humanitaires. Depuis onze ans, le peuple irakien est victime d'un blocus barbare inhumain mettant en balance la vie de 25 millions de personnes. Mais cela n'est pas le plus important pour les Etats-Unis dont les priorités sont, il ne fait aucun doute, ailleurs. Les Etats-Unis, soutenus par le seul Premier ministre britannique, Tony Blair, de plus en plus isolé dans son pays sur la question de la guerre en Irak, pensent avoir raison contre toute la communauté internationale qui recommande la retenue et d'agir, surtout en cas de guerre, dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU, seul habilité à autoriser une frappe militaire contre un Etat souverain. Ce passage obligé par l'ONU semble aujourd'hui le dernier souci des responsables de l'Administration américaine, lesquels n'ont cessé de dire que lorsqu'il s'agit de l'intérêt des Etats-Unis, Washington n'a pas besoin de l'accord des Nations unies. Des voix pourtant de plus en plus nombreuses s'élèvent contre l'aventure où le président Bush veut mener le monde. En Grande-Bretagne, un mouvement contre la guerre en Irak commence à prendre forme où ce sont les propres amis politiques de M.Blair qui mènent la cadence. Ainsi, le ministre britannique au Développement international, Clare Short, avait estimé hier: «Nous ne pouvons pas avoir une nouvelle guerre du Golfe» appuyant ses dires en déclarant: «Nous ne pouvons de nouveau imposer des souffrances au peuple irakien; il a déjà trop souffert.» De son côté, le ministre chargé des Relations avec le Parlement et ancien chef de la diplomatie britannique, Robin Cook, n' a pas manqué de souligner «la nécessité de bâtir la plus large coalition possible pour faire en sorte que ce soit Saddam (Hussein), et pas nous, qui soit isolé dans l'opinion internationale». Par ailleurs, de plus en plus de députés travaillistes mettent en garde leur chef de file quant à son soutien sans réserve au président Bush. Selon le quotidien londonien Sunday Telegraph, les doutes exprimées discrètement par l'armée d'active, tenue au droit de réserve, sont clairement affirmées par le général à la retraite, Patrick Cordingly, lequel déclare: «Je suis totalement opposé à une guerre. Je sens fortement que c'est une erreur. Il n'y a aucune raison d'envoyer des troupes britanniques en Irak.» C'est dire qu'en Grande-Bretagne, Tony Blair est bien seul à vouloir partir en guerre. En outre, dans un communiqué rendu public samedi, après une réunion sous la présidence de Saddam Hussein, des principaux responsables irakiens, il est affirmé que Bagdad « ne traitera pas avec une nouvelle résolution qui n'est pas conforme à ce qui a été convenu avec le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan » montrant par là que l'Irak n'acceptera aucune résolution qui sortirait du domaine strict du désarmement. Sur ce point, les avis demeurent partagés et seul Washington, soutenu par Londres, insiste sur la nécessité d'une nouvelle résolution ou seraient évoqués, selon des observateurs, d'autres aspects des «manquements» de Bagdad ayant trait «à la contrebande pétrolière, à la démocratie, aux droits de l'Homme» entre autres. Selon les mêmes experts, une telle résolution a peu de chance de passer et se heurterait sans doute au veto de la Russie. Ce que laisse entendre notamment le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Maher, qui a indiqué que «l'Administration américaine s'efforce de faire adopter une ou deux résolutions,(...), mais selon mes informations, les consultations entre les membres permanents du Conseil de sécurité n'ont pas abouti à un accord».