De la Louisiane à Alger, notre génie de musicien nous fera partager sa passion pour le blues imprégné de chaâbi, gnawi et autres senteurs de l'Afrique... «Je pense que la vie ne devrait être qu'une chanson d'amour. C'est important que les gens réapprennent à s'aimer et à se faire confiance. C'est notre seule arme pour évoluer», nous confiait dans les coulisses de la salle Ibn Khaldoun, le grand bluseman algérien, Karim Albert Kook, venu y animer trois dates de concerts grâce aux efforts récompensés de son manager, ici en Algérie Farid le rockeur, qui n'est plus à présenter, cet autre artiste fendu, lui aussi, de blues et de rock n'roll. D'ailleurs, inusable, il aura largement fait ses preuves, y compris sur scène en faillant se casser sa voix de rockman. Mais la star de ce jeudi, journée des handicapés, celle de la veille ou encore du 8 mars dernier, journée internationale de la femme aura été bel et bien Karim Albert Kook. Son stratocaster de guitare toujours dans les bras, Karim nous offre le meilleur de son répertoire, des chansons qui lui «tiennent à coeur» et nous fait partager ainsi ses joies, ses peines et ses espoirs. Pour ce faire, il est accompagné de nos très bons musiciens du groupe Pop Dzaïr, en plus de Mustapha à la derbouka et par moments, de Djelloul à l'harmonica sans oublier le Malgache, Michel Emille à la guitare acoustique. Le blues du guérisseur, chanson incantatoire ouvre son concert «un clin d'oeil à la maladie», Karim est cloué dans un fauteuil roulant. Entre ses propres compositions et les grands standards, Karim fait le tour de la planète blues. Il rend hommage à la Louisiane dans «La chanson du delta» et à tous ceux qui l'ont soutenu et grâce auxquels il doit un peu la vie dans Franky mon ami. Bogi wogi, Je roule vers toi, Fais-moi confiance etc. seront autant de titres remuants puisés de cette force intérieure de l'artiste. Et quand l'air du Grand-Sud qu'entraîne le karkabou ou un gumbri tenu à coeur et à corps perdu par Djebbar, le gnawi s'en mêle. C'est toute l'âme damnée de la terre qui se trouve piquée à vif par la richesse et la beauté extraordinaire de cette musique métissée, nourrie de plusieurs influences. Un choix que tend à développer Karim à travers son dernier album, Barbès City limit blues. The thrill is gone, magnifique morceau qui a lancé B.B.King et repris avec beaucoup d'émotion par Karim Albert Kook aura été, à notre sens, un des moments forts de ce concert. Et pour agrandir la famille de nos amis les musiciens sur scène, quoi de mieux que d'inviter ceux qui ont contribué durant ces trois jours à donner du plaisir au public. A commencer par Jimmy Ouahid qui nous fera découvrir toute l'étendue de sa superbe voix qui s'adapte à tous les styles. Jimmy Ouahid prendra part bientôt avec le soutien de Aziz Smati à une tournée pour handicapés baptisée «Tournée déglinguée» avec les Enfoirés. On notera également Sym, cet amoureux du reggae qui se lancera dans une longue tirade improvisée en l'honneur de l'Afrique. Viendra aussi égayer l'ambiance cette charmante demoiselle qui reprendra avec Karim deux de ses chansons. C'est le moment et tout va bien aujourd'hui, faisant participer tout le public. «Ce n'est pas pour se cacher, ou se voiler la face, c'est juste une façon de scander à la face du monde que tout va bien. Une façon d'exorciser le mal que l'on peut ressentir», avoua le bluesman. Puis Iness de chanter seule comme une grande I want you, mettant la salle en effervescence. après B.B.King, dont il a assuré la première partie, que peut-on encore espérer pour Karim Albert Kook? Interrogé sur les artistes avec qui il aimerait faire un duo, Karim révèle outre Eric Clapton, Byörk, «parce qu'elle représente l'insolence de la vie par excellence», dit-il. Autre souhait? Réaliser dans un studio, ici, un album avec des musiciens algériens. Côté projets, il est prévu, au cours du mois de juillet, l'organisation de la «Semaine du blues» à laquelle prendra part Karim. L'autre projet fort intéressant consiste en un jumelage entre l'Année de l'Algérie en France et l'Année européenne des personnes handicapées. Cela aura lieu du 15 au 30 septembre. En termes de spectacle, il est prévu, nous confie notre «slideur», une scène mixte qui rassemblera les personnes handicapées et valides. Ce sera une caravane artistique qui sillonnera plusieurs villes du pays. Elle sera composée, non seulement de musiciens mais de toutes les formes d'expression artistique. A très bientôt, donc Karim!