Outre la «récupération politique» qui en a été faite, de graves questions de finances demeurent pendantes... C'est le quotidien El-Khabar, appuyé par des documents, qui est venu hier éclairer d'un jour nouveau la visite effectuée en Algérie l'année passée du grand acteur égyptien Adel Imam et les trois représentations théâtrales qu'il avait données de Body Guard. Le journal revient en détail sur la genèse de ce qu'il convient d'appeler «une affaire». Pour ne pas dire scandale, venu éclabousser la gestion de Khalida Toumi à la tête du département de la Culture et de l'Information. C'est une femme d'affaires, Mme Nacéra Chaoui, qui se trouve derrière l'initiative. Elle a mené de bout en bout les tractations, qui ont été longues et laborieuses. L'artiste égyptien a fini par demander 180.000 dollars américains contre trois représentations. Le contrat signé entre son représentant, Hafedh Afif, directeur de la troupe des Artistes unis du théâtre Al-Ahram, et la femme d'affaires algérienne, en fait sans doute foi. L'article 3 du document prévoyait le versement préalable de 60.000 dollars pour que le contrat devienne effectif. Mme Chaoui a bel et bien versé cette somme. Elle comptait également prendre en charge, suivant le même document, les déplacements, hébergements et gros frais de transport de la troupe, composée de 65 personnes dont 11 VIP. La machine, désormais, était lancée. Plus rien ne pouvait l'arrêter. Hormis, comme le prévoit le contrat, une grande catastrophe telle que la guerre, une épidémie... C'est à ce moment, raconte en détail le journal, qu'est entrée en scène Khalida Toumi, presque immédiatement après son arrivée à la tête du ministère de la Communication et de la Culture. Tout porte à croire qu'elle aurait tenté de récupérer politiquement cet événement exclusivement artistique et économique. Elle semble avoir induit en erreur le chef de l'Etat dans cette entreprise hasardeuse. Toujours est-il que c'est, comme le soutient le journal, à la suite de l'aval du Palais d'El-Mouradia, que Mme Khalida Toumi a pris langue avec la femme d'affaires algérienne pour lui signifier officiellement que l'«affaire» devenait celle de l'Etat. A la recherche des fonds, la ministre a adressé une lettre «politique» au propriétaire du Groupe Khalifa pour débloquer les 180.000 dollars nécessaires. Rafik Moumène Khalifa, apprend-on, a versé la somme requise dans le compte courant de l'Office national de la culture et de la communication. Les choses se sont, grosso modo, déroulées sans encombre. A ceci près que la troupe égyptienne a demandé que les 60.000 dollars versés par la femme d'affaires algérienne lui soient restitués pour que Adel Imam et son équipe ne touchent plus que les 120.000 dollars restants. Le problème, un des principaux du moins, réside dans le fait que la femme d'affaires n'aurait touché que l'équivalent de 40.000 dollars. Khalida Toumi, dans les colonnes d'El-Khabar, a beau se défendre, voire crier au complot, il n'en demeure pas moins que 20.000 dollars, sur les 180.000 débloqués par le groupe Khalifa, demeurent perdus quelque part dans la nature en attendant que leur destination soit définie et, surtout, justifiée. Une affaire à suivre. Forcément...