De la scène au grand écran, le personnage est resté le même, drôle, tout autant amusant que touchant et émouvant. A voir. Tout le monde «addoo-ooore» Chouchou. Comment peut-il en être autrement, en effet. Avec son humour décapant, sa féminité clairement assumée, son air attendrissant et émouvant, comment ne pas succomber au charme de Chouchou, alias Chokri...Dans la salle Algeria, où se déroulait, samedi soir, l'avant-première algérienne du film de Merzak Allouache (après sa sortie le 19 mars dernier dans plus de 500 salles françaises), le rire était franc et sincère. Abordé avec intelligence, un sujet aussi délicat chez nous comme l'homosexualité a pu triompher des tabous. Pari réussi donc pour le tandem El Maleh-Allouache. Pour rappel, l'histoire du personnage Chouchou est née de l'imaginaire de Gad El Maleh quand celui-ci remarque, un jour, un travesti perruqué de Pigalle avec un accent à la fois efféminé et maghrébin. Il développe cette idée dans son one man show, La vie normale, (déjà présenté à Alger) en créant le personnage de Chouchou, un travesti en pleine dépression, qui travaille place Clichy. Ce sketch, l'un des plus célèbres du comédien, connaîtra ainsi une nouvelle vie. Le personnage Chouchou est transposé de la scène au grand écran en arrivant en tête des premières séances parisiennes lors de sa sortie. Devenu un long métrage, il raconte l'histoire d'un jeune Maghrébin qui débarque clandestinement à Paris dans l'intention de retrouver son neveu. Il se fait passer pour un réfugié politique chilien. Il est accueilli par le père Léon (Claude Brasseur) et le frère Jean (Roshdy Zem) en charge d'une paroisse de banlieue parisienne. Chouchou trouve un emploi. Il assure l'entretien du cabinet d'une psychanalyste, le docteur Nicole Milovavitch (Catherine Frot) qui l'autorise à montrer sa véritable «identité». Gad, avec perruques, robe à fleurs et rouge à lèvres se métamorphose. Ses manières quelque peu naïves séduisent comme elles peuvent aussi déranger. Quand Chouchou trouve enfin son neveu, celui-ci est devenu Vanessa, chanteuse au cabaret l'Apocalypse. Un lieu où Chouchou, devenu serveuse de nuit, va rencontrer l'amour en la personne de Stanislas (Alain Chabat), un quadragénaire un peu snob qui a le coup de foudre pour Chouchou. Ils finissent d'ailleurs par se marier...Mais l'histoire est truffée d'embûches comme ce fou de policier qui persécute Chouchou... Que l'acteur soit parfait dans son jeu et sa façon bien «personnalisée» de nous faire marrer, le film lui, en revanche, pèche par la simplicité d'un scénario qui se veut un peu trop caricatural et surtout les quelques maladresses au niveau du montage qui nous font penser à un moment donné à un décalage de scène, oeuvre du «ciseau». On aura remarqué l'intrusion presque insolite de Michael Youn, le célèbre animateur de Morning Live. Mais le grotesque ne tue pas. Et les expressions savoureuses et étonnantes de Gad nous interpellent. Inspirées de l'Algérien, elles sont doublement drôles à l'image de «Il m'a donné une veste «fatiguée»!». Ce qui donne en arabe «Ayana». C'est-à-dire usée, pas bien et «sortir ma tête des problèmes». Traduisez à votre tour. Amusant, non? Unique en son genre, Chouchou ne choque pas. Il est même beau ou belle comme un coeur avec ses jambes et ses cuisses très bien rasées. On l'adopte rapidement par son trop-plein d'humanité. C'est aussi un bonheur que d'entendre de nouveau, quelques-unes de ses fameuses répliques, et cet accent maghrébin alors ! Un régal. Le mérite revient à Gad, notre Chouchou. Dommage qu'il a fallu combler son absence à l'avant-première du film en invitant un autre acteur qui a joué dans le film, au talent, cela dit, aussi prometteur, Yacine Mesbah du fameux spectacle Les Folies berbères. Enfin, pour se détendre et rire un bon coup, rien de mieux que de regarder Chouchou. C'est à voir absolument. Il est, depuis hier, à l'affiche de l'Algeria (Didouche-Mourad) et à la salle Cosmos de Ryad El-Feth, à raison de trois séances par jour: 12 h 30, 15 h et 18 h 00. La distribution en Algérie est signée Cirta films de Constantine.