Depuis les attentats qui ont secoué l'Amérique et la décision de Bush de déclarer la guerre au terrorisme, nous ne passons pas une journée sans apprendre l'arrestation d'un groupe ou d'une personne en Europe. Pourquoi ce brusque réveil? L'Europe, dans sa totalité et tout le monde le sait, a, de tout temps, «chouchouté» le terrorisme à la seule condition qu'il tue ailleurs. Certains pays l'ont même adopté comme moyen pour préserver des intérêts économiques. L'histoire de Djamel Lounici, un responsable du FIS, ancien gérant d'un salon de coiffure reconverti à l'islam politique des années 90, montre à quel enseigne les pouvoirs français, italiens, allemand, suisse, hollandais privilégiaient les terroristes au moment où des intellectuels épris de justice comme le défunt Mimouni avait rencontré toutes les difficultés à s'y installer. A peine parti d'Algérie, en janvier 1992 en compagnie de Rabah Kebir et d'Oussama Abassi, Lounici se fixera d'abord dans le sud-ouest de l'Allemagne (peuplée de 2 millions de musulmans). Proche des frontières française et suisse, cette région devient vite la zone de repos et la base logistique du FIS puis du GIA. Ici, Lounici attirera plusieurs centaines de ses anciens voisins de son quartier natal d'Alger, le Télemly. Ces petits trafiquants de drogue, voleurs de voitures et proxénètes formeront son armée. Depuis 1987, il les faisait profiter d'un astucieux système destiné à l'origine à alimenter le trésor de guerre de l'organisation terroriste (l'argument de l'arrêt du processus électoral, n'est en vérité, qu'un prétexte). Basé sur l'énorme aide en dollars fournis par les Saoudiens (derrière lesquels se trouvaient les éléments de la Qaîda), ce système permettra à Lounici d'instituer un mécanisme de change à un prix de dumping. Avec la complicité avérée de la CIA, de Berlin, du BND (services secrets allemands), de la DGSE..., il mettra en place un service de contre-espionnage pour prémunir son organisation et ses extensions de toute infiltration. La complaisance des services apparaîtra quand, le 3 avril 1993, Lounici est arrêté à la frontière germano-suisse et refoulé en territoire helvétique avec des faux papiers. En novembre de la même année, il sera interpellé sur l'autoroute de Nierdersachen en possession de soixante émetteurs-récepteurs radio. Il sera libéré malgré une demande d'extradition émise par l'Algérie pour participation à l'attentat de l'aéroport en septembre 1992. Le 18 janvier 1994, il quitte l'hôpital Saint François à Aix-la-Chapelle après un attentat que la presse, comme à son accoutumée, collera aux services secrets algériens alors que sur place, les initiés y voyaient un règlement de comptes interne et une tentative pour se débarrasser d'un élément trop encombrant. L'Italie sera la terre d'exil d'où Lounici continuera à diriger l'approvisionnement en armes des maquis intégristes algériens. La livraison des armes et l'acheminement de l'argent seront assurés par trois filières: la «container connexion» des cargos assurant la liaison Hambourg - Anvers - Alger; les «Fourmis», voitures traversant l'Allemagne, l'Espagne, le Maroc et l'Algérie et la «Boîte italienne», camions de Berlin à Palerme et Catane en Sicile, puis cabotage jusqu'à la côte algérienne distante de 500 km, plus précisément le port Djendjen à Jijel. Ces filières trouveront toutes les facilités grâce au laxisme de l'Etat fédéral allemand, grâce à la myriade de sociétés d'import-export, mais surtout à l'apport de la pègre italienne des narcotrafiquants. C'est ainsi que des commandos beurs (binationaux) comme Abdelilah Ziyad dit Rachid (37 ans) et Mohamed Zineddine dit Saïd (35), tous deux d'origine marocaine seront interceptés à Metz le 6 mai 1995 avec une voiture (Ford Ascona) dans laquelle seront découverts 129 bâtons de dynamite, 99 détonateurs électriques, 1 fusil, 3 pistolets, 4 659 cartouches, 5 scanners et 14 émetteurs-récepteurs radio. Au moment de l'arrestation, Lounici et son adjoint Zahad observent la scène à moins de 50 mètres alors qu'ils faisaient l'objet d'un avis de recherche n° F94000147 AT lancé par la DGSE. Le 17 mai 1995, c'est la police marocaine qui fait main basse sur une Mercedes 240 en provenance d'Allemagne avec à son bord 13 pistolets mitrailleurs de type Uzi et Scorpio (marques israéliennes), 35 chargeurs et 12 lunettes de vision nocturne. Interrogé, Hassan Higiri, le convoyeur, dira travailler pour Lounici. Arrêté, Lounici sera libéré 40 jours après, avec la promesse de ne point toucher aux Italiens (le 7 juillet, un commando du GIA avait égorgé sept marins du «Lucina» dans le port de Jijel). Habitant au 62 de la via Trento, une artère bourgeoise de la petite ville de Porto-Morone, au sud de Milan, l'homme à la djelaba grise ne s'inquiétera jamais de la surveillance des carabiniers ROS (corps spécial qui a arrêté le chef de la mafia Toto-Riina) jusqu'au 1er novembre 1995 où il est arrêté suite à un mandat d'Interpol sur une plainte marocaine. Libéré, il reviendra à son domicile où il honore des factures astronomiques de téléphone. Ses correspondants vivaient aux USA, en Algérie, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Arabie Saoudite, au Koweït, en Suède et à Qatar. Tous ces indices laisseront indifférents des chefs d'Etat qui clamaient une réunion sur l'Algérie. Sant' Egidio regroupera «l'opposition algérienne» pour proposer un pacte social? Sous différents noms Lounici (alias Salah Moustafa, Belgacem Labyed, Ouhaddouh Djamel) recevra des millions de dollars en provenance des pays de la péninsule arabe sur les comptes n° 33590701J à l'UBS (Union des banques suisses) et n° 80 -17483-0 au CCP de Schwytz près de Zurich. Il installera à la tête de ce réseau financier, fort d'une cinquantaine de personnes, un physicien atomiste Mourad Dhimi qui habitait près de Genève et était recherché en France. Ce cas n'est qu'un échantillon d'une multitude d'organisations qui ont, pendant 11 années, tenté de mettre l'Algérie à genoux. Au moment où l'Algérie haussait la voix pour attirer l'attention du monde sur le danger, les «redresseurs de tort» d'outre-mer voulaient mettre sur un pied d'égalité les criminels et leurs victimes en appelant à une conférence sur l'Algérie. Ni la «troïka» ni les députés ne sont arrivés à infléchir le parti pris des gouvernements. Il a fallu que l'Amérique soit touchée et que plus de 6000 personnes innocentes payent de leur vie pour que le monde découvre que l'Algérie reste le seul pays à avoir combattu la folie humaine venue d'ailleurs. Permettez-nous de dédier ce modeste papier à tous ceux qui sont tombés pour la liberté, la justice et la démocratie.