Du 24 au 27 mars, Cirta a vibré au rythme du jazz mêlé à des sonorités maghrébo-ethniques. Un événement qui a trouvé un écho favorable, d'où l'impératif de son renouvellement. Pour sa deuxième soirée, mercredi dernier, à la Maison de la culture Malek-Haddad de Constantine, les organisateurs du Majazz festival international ont gratifié le public d'un concert particulièrement riche en émotion et en qualités humaines. Karim Ziad, le batteur au groove excitant, remarqué et remarquable auprès de cheb Mami, Joe Zawinul et Nguen Lê était accompagné de son bassiste, le Martiniquais Michel Alibo «dyalna» et de David Aubaile au piano et à la flûte «enchanteresse». Un trio d'enfer qui a vite fait d'installer une communion passionnelle avec le public. Karim Ziad, malgré la fatigue et le manque de sommeil, n'a jamais été autant au top de sa forme. Une bête de scène qui s'est véritablement surpassé confortant le sobriquet d'«animal» qui lui est attribué. Pour les avertis et fans de Karim Ziad, ils auront reconnu la plupart de ses morceaux extraits de ses deux albums, Maghreb and friend et Ifrkya. Sa musique était soutenue par moment par le son du «sequencer» que jouait David (ordinateur qui sert à envoyer des séquences de musiques pour donner plus d'épaisseur au morceau), notamment ces effets de bendir dans Alouhid, morceau écrit par Takfarinas et que Karim dédie au pays. Les musiciens présentent aussi Constantine, Joker, Night in Tunisia, Yahdik Alah, Nesraf Ifrkya...autant de compositions qu'on ne se lasse pas d'écouter. Dans la salle, un public de connaisseurs dégage une énergie folle en correspondance avec celle du trio. Le jazz voyage à travers le Maghreb et pénètre le Sud. Sa couleur gnawi se veut incantatrice, exutoire, libératrice. Le chant mystique de Karim Ziad, en plus de son show, déchaîne la foule. Des jeunes mais aussi des gens venus en famille étaient émerveillés. Palpitant est le coeur de l'Afrique. Preuve s'il en est que la vraie image de la ville de Constantine n'est pas forcément celle que l'on véhicule. C'est une ville qui vit, «qui bouge et qui plus est, a du goût», nous fait savoir Djahida de Colombine films.