Après le ministère des Finances et le siège de Khalifa, les travailleurs de la banque du même nom, ont tenu un autre sit-in devant le Palais du gouvernement. En dépit du voile de la guerre en Irak qui prend le pas sur l'actualité nationale, le feuilleton Khalifa continue. Il risque de prendre une autre tournure dans les jours à venir dans la mesure où si les pouvoirs publics feignent de l'ignorer, d'autres parties sont à l'affût et suivent à distance cette affaire pour une éventuelle récupération politicienne. Dernier épisode de l'histoire: le sit-in, tenu, hier, par les employés de El Khalifa Bank et de quelques autres filiales du groupe devant le Palais du gouvernement, n'était pas surveillé de près par les seules forces de sécurité, mais également, de loin, par des politiciens aguerris dont ceux du MSP. En effet, venu «à titre personnel soutenir» les travailleurs de cette entreprise nationale, M. Ahmed Dane, député du groupe parlementaire du parti cité plus haut, ne s'est pas fait prier pour donner aux nombreux journalistes présents aux rassemblements, des employés de Khalifa, son avis et son appréciation sur cette scabreuse affaire tout en visant en dernière analyse la politique économique de l'Exécutif et son volet apparent «la libéralisation sauvage». N'excluant pas une éventuelle interpellation du gouvernement à l'APN sur cette affaire et sur son contexte, M.Dane a surtout mis l'accent sur le manque de transparence dans le traitement de cette affaire. Pour revenir au sit-in lui-même, il faut dire qu'il a rassemblé environ une centaine de personnes encadrées par un discret cordon sécuritaire et s'est tenu dans la ruelle qui fait face à la porte d'entrée du Palais du gouvernement, lieu qui est fort éloigné pour que les échos du bruit fait par ces travailleurs puissent pénétrer l'imposant édifice. Munis de quelques pancartes mentionnant «Le droit de vivre par l'emploi et le salaire et non par la galère», ou en encore «Khalifa, espoir de la jeunesse algérienne», les employés de ce groupe, qui a investi dans plusieurs secteurs allant de la finance, au transport aérien en passant par la construction et les médias, se trouvent en plein désarroi depuis la mise des activités de son institution bancaire sous le contrôle d'un administrateur désigné par la Banque d'Algérie. Or, justement, au cours de ce sit-in, les représentants des employés de Khalifa ou ceux qui se sont proclamés comme tels, à l'image de Karim Mahmoudi, président du Comité de soutien à Khalifa, et de la Confédération des cadres des finances contestent le travail de cet administrateur dans lequel ils ne voient qu'un simple «liquidateur» alors que, selon leurs dires, le groupe n'a pas encore fait son dépôt de bilan et n'a pas encore été déclaré en faillite financière, du moins officiellement. Des indiscrétions émanant de Khalifa Airways indiquent que l'administrateur a déjà commencé à «dégraisser» dans les effectifs du groupe où selon elles, pas moins de 450 employés sur 700 ont déjà reçu des lettres en ce sens. Lui emboîtant le pas, M.Abdelkrim Hassani, président de la Cipa, va plus loin et considère qu'«un administrateur issu d'une banque publique concurrente, en l'occurrence la Banque d'Algérie, ne peut être impartial pour juger de la situation financière de El Khalifa Bank». En tout cas, «prenant acte» et à témoin les journalistes présents à ce sit-in sur le refus des services du Chef du gouvernement de recevoir une délégation des employés de Khalifa, M.Mahmoudi a indiqué que les actions du Comité de soutien vont se poursuivre sans donner plus de précision sur leur forme, mais en exigeant cependant, que l'Etat trouve une solution aux difficultés que traverse ce groupe présenté, il n'y a pas si longtemps, comme «l'exemple» des entrepreneurs privés et des hommes d'affaires algériens. De leur côté les pouvoirs publics, accusés d'avoir laissé faire un groupe privé sans garde-fous et sans contrôle rigoureux, ont réaffirmé à la mi-mars, par la voix de la porte-parole du gouvernement, que ce dernier attendait la décision de la Banque d'Algérie et de la justice sur les «irrégularités relevées» dans le dysfonctionnement de ce groupe avant de prendre les mesures qui s'imposent. On saura alors le fin mot de cette affaire. De son côté, le propriétaire du groupe, Rafik Abdelmoumène Khalifa, est sorti de sa réserve hier sur LCI pour démentir en bloc l'ensemble des informations et allégations circulant à son sujet et au sujet des entreprises dont il a la charge. «La convocation et le mandat d'arrêt sont des inventions de journalistes algériens en mal de scoops», a-t-il souligné, martelant que «tout est totalement faux». Le groupe, a-t-il ajouté, «n'a pas de problèmes économiques réels». La mise de la banque du groupe sous contrôle d'un administrateur ne veut rien dire, selon lui, puisque «l'institution financière a toujours son agrément, fonctionne toujours normalement et n'a aucun problème d'incidents de paiements». Pour ce qui est des employés de KTV, sans salaires depuis février, Rafik Khalifa s'est voulu rassurant, indiquant que «les salaires seront normalement versés dès cette semaine». La compagnie aérienne, Khalifa Airways, elle, ne déposera pas le bilan comme indiqué dans certains journaux. La compagnie, selon son propriétaire, «a certes souffert de l'audit, mais elle fonctionne toujours». Il a, enfin, jugé «grotesques» les allégations faisant de lui «l'homme de paille» de certains pontes du système.