La marche organisée par le PT a donné lieu à de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre, durant lequels des policiers ont été blessés. La marche à laquelle a appelé avant-hier le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune en solidarité avec le peuple irakien et contre la guerre en Irak n'a pas eu lieu. Dès les premières heures de la matinée, un important dispositif policier a quadrillé cette placette et a empêché le déploiement de cette manifestation vers la Place du 1er-Mai. Les manifestants se sont alors contentés d'un rassemblement sur place. Brandissant des portraits de Saddam Hussein et des drapeaux irakiens, ils ont scandé des slogans hostiles à la guerre contre l'Irak. “A bas la guerre de Bush et de Blair. Le peuple et l'armée sont avec toi Saddam”, a crié la foule composée de quelques dizaines de personnes. Ils ont fustigé également le pouvoir. “Quelle honte, le gouvernement est incapable d'avoir une position” par rapport à la guerre contre l'Irak ou encore “Bouteflika à la solde des Américains”. Les manifestants, en majorité des adolescents et des enfants qui ont déferlé des hauteurs de la Casbah, ont déterré des slogans chers à l'ex-FIS comme “Alyha nahya alayha namout”. Ils ont également crié des slogans à la gloire d'Oussama Ben Laden qualifié de “bête noire des Américains”. Des responsables du MSP, comme Ahmed Dane ou encore Abdelmadjid Menasra, se sont joints par la suite à la manifestation et ont tenté d'enflammer la foule. Ahmed Dane évoquera la question des volontaires pour combattre en Irak. Le pire a été évité de justesse lorsque les manifestants, cantonnés jusque-là sur le périmètre de la place des Martyrs, ont voulu franchir le cordon de policiers et imposer la marche. Les policiers ont immédiatement barricadé le boulevard Zighoud-Youcef avec de hautes barrières métalliques. Cela avait eu pour effet de faire monter la colère des manifestants qui se sont mis à lancer sur eux divers projectiles. Un policier, la tête ensanglantée, est évacué par ses collèges au commissariat de la Casbah, en attendant l'arrivée d'une ambulance. Trois autres policiers ont également été blessés lorsqu'ils faisaient face à l'assaut des manifestants. Pendant ce temps, un jeune, juché sur l'une des voûtes en verre de la place des Martyrs, tombe dans le vide. Il est évacué dans un état grave vers l'hôpital Maillot dans une ambulance de la Protection civile. Plusieurs manifestants ont été interpellés. Louisa Hanoune tente de calmer la foule en délire, fustigeant l'interdiction de la marche. “lls veulent empêcher le peuple de manifester à Alger, nous leur disons non !”, crie-t-elle en direction des manifestants dans son mégaphone. Et d'ajouter : “Irak chouhada, Bab El Oued chouahada”. Mais les manifestants repartent à l'assaut du cordon de policiers, toujours en place, en criant : “Les enfants de Ali Benhadj sont venus pour mener le djihad (Guerre sainte) en Irak” ou “On veut des avions et des visas pour aller en Irak”. Un habitant du quartier visiblement excédé par la réaction de ces jeunes, lâche en colère: “Ils prétendent vouloir aller en Irak pour affronter les missiles de Bush, mais je parie que s'ils entendent maintenant le bruit d'une simple balle, ils vont tous fuir”, dit-il. R. B.