Pour Louisa Hanoune, la porte-parole du PT, tous les masques sont tombés. La marche de solidarité avec le peuple irakien initiée par les groupes parlementaires du MSP, du PT, d'El-Islah et des indépendants n'a finalement pas eu lieu. La quarantaine de députés qui se sont rassemblés, hier, au niveau de la rue Bachir-Brahimi la Colonne, sise à Bir Mourad Raïs, n'a pas pu marcher, comme programmé, vers l'ambassade des Etats-Unis. Le motif est le même : «Les marches sont interdites dans la capitale.» Les députés le savaient, mais comme l'a déclaré Louisa Hanoune: «Nous espérions un fléchissement de la part des autorités, d'autant plus que la guerre prend des proportions très dangereuses en Irak.» Mais ce fléchissement ne s'est pas manifesté et afin d'appliquer la circulaire du ministre de l'Intérieur un important cordon de sécurité composé de CNS était placé tôt dans la matinée d'hier au niveau des axes routiers menant vers l'ambassade des Etats-Unis. 11h. Première confrontation entre les services de sécurité et les députés «Frappez-nous», s'écrie un député d'El-Islah. «Nous sommes là pour frapper personne, mais on ne vous laissera pas rejoindre l'ambassade, votre marche est interdite», répond le responsable de la sécurité. Les députés résistent et essaient de franchir le cordon de sécurité, en vain. Ils finiront, quand même, par gagner quelques mètres, mais cela n'est pas suffisant, l'ambassade est encore loin, et les CNS semblaient décidés à barrer la route aux députés. Ces derniers scandent: «Pouvoir complice», «Zerhouni complice». Les banderoles témoignent du soutien au peuple irakien comme: «Vive l'Irak», «Non à la guerre». M.Mokri, le représentant du MSP, a stigmatisé la position officielle de l'Algérie. «C'est une honte», déclare-t-il. Pour notre interlocuteur, la position algérienne est «floue, inacceptable et indigne d'un pays comme le nôtre». Preuve en est, ajoute-t-il, «les autorités interdisent les marches de soutien à un peuple frère». Un groupe de députés négocie avec le responsable de la sécurité. Changement de tactique, ils proposent la permission d'accès à quatre représentants du groupe pour remettre une lettre à Son Excellence l'ambassadrice des Etats-Unis, la réponse est négative. «La marche est interdite», réplique-t-il. Louisa Hanoune hausse le ton: «Vous avez vendu cette rue aux Etats-Unis?», s'interroge-t-elle. Un policier réplique: «Nous sommes des Algériens comme vous, et comme vous aussi nous soutenons le peuple irakien, mais nous sommes chargés de la protection de l'ambassade des Etats-Unis.» «Nous ne sommes pas des voyous», proclame la porte-parole du PT. La situation a failli déborder hier, après qu'un CNS eut rabroué M.Menasra, l'ex-ministre de l'Industrie. «Vous ne respectez pas Monsieur le ministre, vous allez le payer cher», promet un membre du MSP. «Prenez son matricule, c'est une honte», ajoute M.Djoudi du PT. Le calme regagne le quartier paisible, après l'intervention des députés et des services de sécurité. Hormis cet incident, aucun débordement n'a été enregistré dans la marche avortée des quatre groupes parlementaires. 12h 40. Les partis décident de quitter le lieu, décidément convaincus que les CNS ne les laisseront pas rejoindre l'ambassade: «Nous ne baisserons pas les bras», déclare le représentant d'El-Islah. Le rendez-vous est donné jeudi à la place des Martyrs, une autre marche interdite par le ministère de l'Intérieur. 12h 45. Les représentants des partis concernés improvisent un meeting non loin de la rue Bachir-Brahimi dans lequel ils ont dénoncé la position du pouvoir algérien par rapport à cette crise. «Les masques sont tombés», déclare Louisa Hanoune. «La rue algérienne c'est nous qui la représentons», conclut M.Mokri.