Saddam a pris un bain de foule au quartier d'Al-Mansour à portée de canon de l'armée américaine. Outre les bombardements intenses sur la capitale hier, la guerre entre Irakiens et Américains se joue aussi sur le terrain de la propagande. Les forces américaines ont pris l'aéroport international Saddam, qu'elles ont rebaptisé hier, Aéroport international de Bagdad, a annoncé un porte-parole du Commandement central américain (Centcom) au Qatar. «L'aéroport a désormais un nouveau nom, Aéroport international de Bagdad, et c'est une porte sur l'avenir de l'Irak», a déclaré le général Vince Brooks lors d'une conférence de presse au Qatar. Les combats pour le contrôle de l'aéroport ont fait, dans la nuit du jeudi, des dizaines de tués et de blessés parmi les militaires irakiens et les habitants d'une banlieue de Bagdad, selon des témoins et des sources hospitalières. Le ministre de l'Information irakien Mohammed Saïd Al-Sahhaf, a menacé, hier, les forces américaines à l'aéroport Saddam de Bagdad d'attaques-suicide «d'un nouveau genre» affirmant qu'elles étaient «complètement encerclées». Les forces américano-britanniques sont «complètement encerclées ce matin» dans l'aéroport, a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. Les forces irakiennes vont-elles avoir recours, lors de cette opération, à des armes non-conventionnelles? Sahhaf a précisé: «Non, ce que j'ai voulu dire, ce sont des attaques suicide d'un nouveau genre». Il a ajouté qu'«il serait difficile» aux soldats américains «de sortir vivants (de l'aéroport), à moins qu'ils ne se rendent». Les troupes américaines ont découvert dans l'ouest de l'Irak ce qu'elles pensent être «un centre d'entraînement» pour l'utilisation d'armes chimiques, nucléaires ou bactériologiques, a déclaré un porte-parole du Centcom. Il a toutefois précisé qu'il ne s'agissait pas d'un site d'armes de destruction massive. «Notre conclusion à ce stade est qu'il ne s'agit pas en soi d'un site d'armes de destruction massive», a-t-il déclaré. Jusqu'à présent, les forces de la coalition, qui ont fait du désarmement de l'Irak la principale justification de la guerre, n'ont pas découvert d'armes de destruction massive. La guerre des mots qui s'est déclenchée autour du contrôle de l'aéroport Saddam, situé à 20 km de la capitale, fait craindre le pire. L'apparition du président Saddam hier, à la télévision irakienne, procède également de cette action psychologique. En effet, celle-ci a montré Saddam en train de prendre un bain de foule dans le quartier résidentiel d'Al-Mansour à Bagdad, à portée de canon de l'armée américaine. Dans son message, Saddam Hussein a appelé les Irakiens à ne pas céder à la panique, leur promettant la victoire contre les forces américano-britanniques. Washington assure que le régime irakien touche à sa fin. Ce régime répète qu'il vaincra. «Si la capitale résiste, les envahisseurs ne pourront plus progresser et ils battront en retraite», a affirmé hier, le président Saddam Hussein dans le même message. L'arrivée des forces alliées aux portes de Bagdad annonce véritablement une deuxième phase du conflit. La propagande et le travail psychologique auxquels se livrent les deux belligérants sont doublés d'actions militaires de plus en plus rudes sur le terrain. La guérilla urbaine, tant promise par le chef irakien et ses collaborateurs, conscients de la supériorité militaire des Etats-Unis, semble marquer le pas. Pourtant les responsables irakiens, dont le ministre de l'Information Mohammed Saïd Al-Sahhaf, et le vice-président, Taha Yassine Ramadan, ont averti que l'Irak sera transformé en «cimetière» pour les envahisseurs. Des tirs d'armes lourdes et d'artillerie en provenance du centre de Bagdad ont été entendus hier en début de soirée, dans la capitale irakienne. Ces tirs, les premiers du genre depuis le début de la guerre le 20 mars, ont éclaté vers 18h50 locales (14h50 GMT). Par ailleurs, trois soldats de la coalition ont été tués par un kamikaze, à un poste de contrôle américain à 18 km au sud-ouest de Hadithah (200 km au nord-ouest de Bagdad), a indiqué, hier, un communiqué du Centcom. Depuis le début de la guerre, 844 Irakiens ont été tués, et 5 994 autres blessés selon les sources irakiennes. Du côté des alliés, 81 soldats ont été tués, 150 blessés et 16 autres portés disparus, selon les sources américaines.