Les énormes problèmes économiques et sociaux du pays sont en porte-à-faux avec son aisance financière. Le Conseil économique et social (Cnes) prépare activement son rapport de conjoncture du premier semestre 2003. Les auditions des différents responsables gouvernementaux et des principaux partenaires sociaux se poursuivent depuis le mois dernier et l'élaboration des documents finaux est actuellement débattue au sein des commissions de l'institution présidée par M.Mohamed Salah Mentouri. Mais d'ores et déjà, on sait, à la faveur de ses communiqués de presse, sur quoi va se pencher le Cnes lors de sa prochaine session. Celle-ci aura lieu probablement selon des sources proches de l'organisme de surveillance de l'évolution économique et sociale algérienne, après le mois de Ramadan. Outre le rapport général relatif à la conjoncture économique et sociale, le Cnes débattra du Système national d'information économique, de l'économie informelle et de ses inquiétantes dérives, de la prise en charge des actions de l'environnement au niveau des collectivités locales et de la situation de la steppe qui vient de faire l'objet de plusieurs rencontres-débats au sein de l'institution. La toile de fond générale pour ces rapports est constituée par une montée d'un cran de multiples conflits sociaux et d'une série de revendications salariales qui, la récupération politicienne et électoraliste aidant, poussent l'intensification de l'effervescence sociale. Aussi, les avis du Cnes sur cette situation à la limite de l'intenable pour des pans entiers de la société algérienne est que la conjoncture économique nationale reste caractérisée par «la persistance de contraintes lourdes» dans la sphère économique et des «contraintes sociales en matière d'emploi, de revenus et de réponses appropriées aux besoins sociaux, malgré les signes de bonne santé financière». Relevant que le raffermissement des indicateurs macro-économiques et la maîtrise de l'inflation grâce au prix du baril du pétrole et aux bonnes conditions climatiques, le Cnes estime que si croissance il y a, elle a été «surtout le fait des finances publiques» alors que l'économie réelle et l'investissement privé national et étranger «tardent à se positionner». Mais le plus grave, c'est que contrairement au discours euphorique et apaisant du chef du gouvernement sur les scandales politico-financiers «retentissants» qui ont secoué ces derniers temps la scène nationale, l'organisme de M.Mentouri s'inquiète des retombées négatives que pourrait avoir sur la place financière nationale la faillite, en l'espace d'un semestre, de deux banques privées algériennes (Khalifa Bank et Bcia) dans des conditions de «vulnérabilité des dispositifs de contrôle et de supervision». Au plan social, les conseillers se sont dits «émus de la psychose suscitée par la résurgence de maladies, réputées avoir été éradiquées, et d'épidémies, dont la réapparition, vécue comme le signe d'une grave régression, semble imputable à la contraction des grands programme de santé publique et en dernier ressort au renversement opéré dans les choix stratégiques en la matière». Ils ont également relevé «le retard structurel de notre pays par rapport à ses objectifs d'adhésion à l'OMC». La «fragilité persistante» de l'économie algérienne, les insuffisances de son système d'information et d'évaluation par des données et des paramètres viables, la part prépondérante de l'informel dans ses circuits en toute «illégalité» avec tout ce que cela engendre comme «évasion et fraude fiscale et sociale» et les conséquences de type environnemental au plan des collectivités locales retiennent également l'attention des experts du Cnes qui appellent à trouver rapidement des parades et des solutions appropriées. Enfin, dans le prochain rapport du Cnes sur la «stratégie d'aménagement et de développement de la steppe», les analystes du Cnes ont noté «que beaucoup d'initiatives louables ont été enregistrées dans la lutte contre la désertification, mais sans résultats significatifs durables».