En attendant sa 22e session, le Cnes donne ses premières appréciations sur l'état de l'économie nationale. «Le Produit intérieur brut (PIB) affiche un taux de croissance, à consolider, de 4,1 %, en augmentation par rapport à celui de 2001.» Cette appréciation par les chiffres émane du très sérieux Conseil national économique et social (Cnes) à l'issue des auditions qu'il a organisées sur les résultats et les perspectives d'analyse de l'évolution de la conjoncture économique du pays pour le second semestre de l'année 2002. Traitant du volet le plus significatif de l'économie nationale, la croissance, l'institution présidée par M.Mohamed Salah Mentouri reste cependant très prudente dans son évaluation et atténue son point de vue par la remarque qui mentionne que si «ce résultat semble confirmer le retour sur le chemin de la croissance, après presque une décennie de dépression de l'économie nationale», il n'est pas encore «possible de se prononcer sur sa durabilité, tant cette croissance, pourtant appréciable, demeure insuffisante par rapport aux performances souhaitées, en contexte d'aisance financière prolongée, et en deçà des défis dictés par l'ampleur des déficits sociaux et en particulier du chômage». En clair, cela veut dire que malgré ce qui est montré comme un exploit par les pouvoirs publics à travers ce qu'ils appellent «les grands équilibres macroéconomiques», et, en en dépit de l'embellie financière du pays (23 milliards de dollars de réserves de change en 2002), l'économie nationale n'arrive pas à prendre son envol en termes de création de postes d'emploi et de réduction du fléau du chômage qui tend à devenir structurel. Le Cnes explique dans son appréciation cette dérive par la formule selon laquelle «la connaissance de ce fléau qu'est le chômage et encore moins le combat pour sa réduction ne semblent pas inscrits au centre de l'administration en charge de cette question». Plus grave encore, d'après cette institution d'analyse théoriquement indépendante des grandes tendances observées dans l'économie et la société algérienne, «cette passivité se nourrit d'une vision fataliste et d'un attentisme contemplatif devant les retombées attendues du Plan de soutien à la relance économique (Psre) et du Pnda». Et pour appuyer ses thèses sur ce sujet, le Cnes fait ce constat encore plus alarmant en estimant que «cette absence d'intervention et d'effort de rationalisation et d'optimisation des opportunités d'emploi se conjugue à l'inertie observée face à l'élargissement préoccupant de la sphère informelle et des zones de non-droit dont on semble attendre des solutions alternatives en matière de création d'emplois». Néanmoins dans ce document d'évaluation brute de la conjoncture économique nationale, il n' y a pas que des aspects négatifs ou qui prêtent au pessimisme. Il y a aussi des éléments encourageants comme le recul de l'inflation ramenée au taux appréciable de 1,4 %, l'excédent de la balance des paiements, la diminution de l'encours de la dette extérieure et l'augmentation des importations de 30 % par rapport au second semestre 2001. Enfin ce prérapport de l'organisme de M.Mentouri a relevé que «les finances publiques ont permis une impulsion budgétaire de la croissance avec une multiplication par deux ou trois de certains des budgets d'équipement». Globalement, si les indices de la croissance commencent timidement à pointer à l'horizon, cas des BTP, des services et accessoirement de l'industrie où sa progression est «inégale d'un secteur à l'autre», en revanche, «le secteur agricole a connu une décroissance conséquemment aux aléas climatiques», est-il noté dans cette évaluation qui a indiqué au passage que dans le domaine de l'habitat et de la construction, «la formule location-vente» a particulièrement retenu l'attention» des experts et autres analystes du Cnes. Autrement dit, au vu de ces auditions par secteurs d'activité et des appréciations qui sont faites par cette institution, la crise nationale reste chronique en dépit de toutes les luttes qui sont engagées contre elle.