Les forces américaines s'employaient, hier, à établir un cordon autour de la capitale pour l'encercler totalement. Assiégée pendant plus de quinze jours, la ville de Bassora est en passe de tomber entre les mains des forces anglaises, en dépit d'une farouche résistance des miliciens irakiens. Les troupes britanniques contrôlaient, hier soir, «la majeure partie» de Bassora (Sud), a indiqué un porte-parole militaire britannique, le colonel Chris Vernon, à des journalistes sur place. «On contrôle la majeure partie de la ville, mais il y a certains endroits que nous ne contrôlons pas, par exemple la vieille ville», a-t-il dit. Depuis hier, les troupes britanniques menaient une offensive terrestre assistée par des avions pour prendre cette ville. A Bagdad, l'étau se resserre sur les forces de Saddam. Les forces américaines s'employaient, hier, à établir un cordon autour de la capitale pour l'encercler totalement. Les troupes d'infanterie venues du secteur de l'aéroport international Saddam (Sud-Ouest) sont arrivées au nord de Bagdad où elles devaient être rejointes par les marines arrivant du Sud-Est. «Nous pensons qu'aujourd'hui la ville sera complètement encerclée», a déclaré le commandant Rod Legowski, officier de liaison de la première division des marines, dont les unités avançaient du Sud-Est vers le Tigre. Au Nord, l'aviation américaine a commis une terrible bavure. Un convoi de huit à dix véhicules de combattants kurdes, dont deux transportaient également des membres des forces spéciales, a été bombardé, hier matin, par l'aviation américaine. Ces «tirs amis» ont fait au moins 18 morts et 45 blessés parmi les forces américaines et les combattants kurdes, dans le nord de l'Irak. «C'est un bilan provisoire» a rapporté le journaliste de TF1, présent sur place qui a affirmé qu'une dizaine d'Américains ont été tués dans cette attaque. De leur côté, les sources américaines avancent qu'aucun Américain n'a été tué lors de l'incident. Auparavant, des sources hospitalières à Erbil (Kurdistan irakien) ont fait état de 4 morts américains. Le chef des forces spéciales kurdes, Wajih Barzani, a été gravement blessé dans cet incident. Cette bavure est la deuxième après l'incident qui a touché l'ambassadeur de Russie en Irak et son personnel diplomatique. Ces derniers ont été attaqués par l'armée américaine sur la route les menant vers la Syrie. De leur côté, les autorités irakiennes affirment avoir «éliminé» les troupes américaines dans la région de l'aéroport. Pourtant, selon des journalistes et des témoignages, un avion américain a bel et bien atterri hier, en fin de journée, à l'aéroport de Bagdad. Le ministre de l'Information Mohammed Saïd Al-Sahhaf a affirmé que 50 soldats américains avaient été tués la veille dans ce secteur, où les Irakiens les ont attaqués, selon lui, «avec des missiles». Il a déclaré que six chars ont été détruits et dix autres endommagés, et que deux hélicoptères d'attaque Apache ont été abattus. Par ailleurs, les autorités irakiennes ont imposé une sorte de couvre-feu, interdisant aux véhicules et aux personnes d'entrer et de sortir de la capitale entre 18h00 locales (14h00 GMT) à 6h00 (2h00 GMT). A Karbala (80 km de Bagdad), de très violents combats urbains ont opposé hier, les troupes américaines aux miliciens irakiens. Un soldat américain y a été tué, a indiqué un officier américain, ajoutant ignorer s'il y avait eu des pertes du côté irakien. A l'Ouest, le long de la frontière avec la Jordanie et la Syrie, les commandants américains déclarent avoir pris le contrôle de terrains d'aviation et bloqué la principale route de l'Ouest. Bagdad et Bassora assiégés, le port d'Oum Qasr, la ville sainte de Najaf sont maintenant perdues pour Saddam. La coalition renforce ses troupes autour de Kerbala et au Nord, les combattants kurdes, appuyés par l'aviation américaine, se trouvent à la lisière de la ville pétrolière de Kirkouk. La célérité avec laquelle les forces alliées avancent vers la capitale, suggère que Saddam serait bientôt un homme du passé. Une écrasante puissance aérienne, navale, terrestre et une incomparable machine de propagande ont paralysé un régime irakien manquant désespérément de moyens. A moins que Saddam ne lance une attaque aux armes chimiques ou biologiques.