La logique de guerre et la mondialisation contredisent les principes énoncés des droits des peuples et des droits de l'Homme, le droit à la différence ainsi que l'accès à une authentique universalité. L'injuste guerre en Irak oblige tous les êtres de bonne volonté à dialoguer pour refuser la théorie du choc. Trois conditions: premièrement, garder vivante la mémoire commune entre les peuples en rendant hommage aux pionniers en la matière ; deuxièmement, opérer une critique sévère de ses propres dérives; troisièmement, clarifier les enjeux de l'avenir. Le colloque intitulé «Algérie-France, hommage aux grandes figures du dialogue des civilisations» qui se tiendra à l'Institut du monde arabe à Paris les 26 et 27 mai de cette année, arrive, à point nommé, pour tenter de clarifier la problématique «du dialogue» et contribuer à aider les êtres de partout à se tourner vers un avenir de partage et d'interconnaissance. L'orientation, malgré ses limites et ses liens avec la colonisation, au XIXe et XXe siècles, a néanmoins permis une certaine connaissance, approche et curiosité sur l'Orient, en particulier sur les cultures et sociétés de la rive sud de la Méditerranée ; aujourd'hui, après la chute du mur de Berlin en 1989, et plus encore après le 11 septembre 2001, tout le monde peut constater qu'un péril grave se présente, principalement à cause de la méconnaissance d'autrui: la désignation ouverte, arbitraire et injuste d'un nouvel ennemi, en l'occurrence l'Islam. L'ignorance réciproque, préfigure de surcroît les risques d'un supposé «choc des cultures». Au sein de certains cercles de décisions en Occident, le centralisme et la puissance sous toutes ses formes suscitent des préjugés qui nuisent à la paix, à la bonne marche des relations internationales et à l'équilibre entre les nations. De l'autre côté, au sein du monde musulman, des tendances négatives cherchent à opposer l'Islam à la modernité, sous prétexte qu'elle se présente sous forme d'agression extérieure. Il n'y a pourtant nul affrontement inéluctable, ni de choc de civilisations intrinsèque à l'histoire des relations entre les deux mondes. Bien au contraire, l'Islam a participé à l'émergence du monde occidental moderne; par ses valeurs culturelles et spirituelles, il est proche de l'éthique, des normes et des principes judéo-chrétiens et gréco-romains, quelles que soient les différences, les divergences et les singularités. Aujourd'hui, l'humanité est confrontée à des défis multiples; les générations à venir seront-elles auteurs à part entière de la vie qu'elles mèneront, et sauront-elles vivre sur la base de l'aptitude à assumer le multiculturel? Dans le cadre de la mondialisation, du recul du droit et de la difficulté à être citoyen responsable, la quête du bonheur, le comment apprendre à vivre librement, dignement et humainement, seront-ils encore possibles demain?