Le choix de Béjaïa, pour ces intenses contacts, relève du poids de la Cicb dans l'interwilayas. A quelques jours de la célébration du double anniversaire du Printemps berbère et du Printemps noir, la scène politique de Kabylie connaît une effervescence jamais égalée. Outre les préparatifs des manifestations de rue prévues pour le 20 Avril, d'intenses contacts sont présentement menés par une équipe d'émissaires dépêchée, croit-on savoir, par les plus hautes autorités de l'Etat, avec pour objet, de porter les dernières retouches avant la publication du communiqué d'invitation aux ârchs. Depuis lundi, une équipe d'émissaires, conduite par Hamid Akik, se trouvait, en effet, à Béjaïa pour sonder la position des délégués des ârchs et autres personnalités par rapport à l'invitation au dialogue. Très confiants, ils nous ont affirmé hier que «les rencontres qu'ils ont eues avec de nombreux délégués sont positives». «Ils n'attendent que la publication du communiqué pour répondre présent», affirment nos interlocuteurs qui précisent, cependant, «le souhait des délégués de voir le communiqué d'invitation intervenir après le 20 Avril.» Cette succession de déplacements de ces émissaires en Basse Kabylie, depuis le début du mois, laisse croire que la célébration de ce double anniversaire pourrait être l'occasion tant attendue par les populations pour amorcer un véritable dialogue portant sur le règlement définitif de la crise devenue très pesante. Le choix de Béjaïa, pour ces intenses contacts, relève du poids de la Cicb dans l'interwilayas. «Avoir l'accord des délégués de Béjaïa, c'est faire la moitié du chemin», semblaient dire les émissaires, ce qui explique, à ne pas en douter, ces incessants déplacements avec à la clé plusieurs rencontres qualifiées de «fructueuses» même si cela se passe, parfois, par l'intermédiaire de tierces personnes contrairement aux précédentes initiatives, prises à la légère, celle qui est entreprise actuellement paraît être mûrement réfléchie. Pour rappel, l'initiative du lancement d'un communiqué invitant les ârchs à la «mise en oeuvre des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur ne date pas d'aujourd'hui». L'information a été portée à la connaissance de l'opinion vers la fin du mois de mars. Les délégués du mouvement citoyen avaient alors donné leur avis «favorable» avec les satisfaction de certains préalables jugés à même d'apaiser la tension et de confirmer la bonne volonté des autorités. «La libération des détenus, la levée des poursuites judiciaires et l'annulation des peines prononcées», étaient autant d'exigences émises par les représentants des ârchs qui conditionnaient aussi l' «accord favorable» à «l'engagement public quant à la satisfaction de la plate-forme qui devait figurer dans le même communiqué». Nos interlocuteurs refusent, pour l'heure, de nommer les délégués contactés pour, disent-ils, «éviter l'erreur commise précédemment». En effet, lors de leur premier déplacement, ils avaient rendu public le résultat des tractations en citant les noms de délégués qui ont, dès le lendemain, fait volte-face. Cette fois, ils prennent soins de ne divulguer que l'essentiel à savoir «la disponibilité dont ont fait preuve les délégués à trouver une issue rapide au conflit». A la question de savoir les chances de la réussite de cette nouvelle initiative, les émissaires se sont déclarés «très optimistes» en portant à notre connaissance «les instructions» qui auraient été données par le RCD et le MDC à leurs représentants dans les structures des ârchs, quant à «l'adoption d'une attitude favorable au dénouement de la crise». Entre les intenses activités qui animent les délégués des ârchs et les contacts entrepris par les émissaires, c'est tout un espoir du règlement de la crise qui est ressuscité au 23e anniversaire du Printemps berbère et à la veille de la présidentielle de 2004.